Ils et elles, tous en 3ème au collège de Sada, ont étudié le secteur touristique sur les plans macro économique et micro économique, c’est à dire à la fois en comparaison avec la région océan Indien, et à la fois en se penchant sur notre lagon. Beaucoup de données sont connues donc, mais l’approche dans le cadre scolaire permet toutes les audaces, terrain sur lequel les cabinets de conseil sollicités ça et là sur le sujet, ne se risquent pas. Surtout que la réponse à la question posée en introduction est négative !
Ils s’expliquent sur 20 pages, ces collégiens, une trentaine, qui ont reçu l’appui pour cette étude des meilleurs élèves du lycée nous dit-on, et qui ont consulté le responsable de l’office de tourisme du Centre ouest, l’école Vatel, des restaurateurs et propriétaires d’éco-gîtes, ou la directrice d’exploitation du Jardin Mahorais à N’Gouja.
Premier constat, « la demande touristique est bien supérieure à l’offre comme le tourisme bleu qui est complètement saturé, et les hôtels qui sont débordés. Le manque d’infrastructures bloque le tourisme à Mayotte ». Les 50.000 touristes par an sont de fait, soit affinitaire (visite à la famille ou aux amis), soit d’affaire.
Deuxième constat, « malgré les opportunités, circuit de trekking, agro- tourisme (pôle d’excellence à Coconi), hébergements chez l’habitant etc., il semblerait que l’accueil de l’activité touristique ne figure pas encore dans les mœurs de la société mahoraise. »
Troisièmement, « Mayotte demeure une destination plus chère avec moins d’offres attractives que les îles voisines. »
Des sites touristiques mal identifiés
L’insécurité est évidemment identifiée comme un frein majeur, mais les élèves livrent une réflexion sur laquelle les acteurs du tourisme n’arrivent pas à peser : « Maurice est une île qui a beaucoup perdu de la beauté de son lagon. Malgré tout, les informations restent toujours positives. L’Etat mauricien veille en effet à gommer autant que possible dans les médias internationaux les points noirs de son secteur touristique ».
Car l’existant est mal mis en valeur selon les scolaires : sur le territoire lui-même, la communication est quasi-inexistante. Il faut savoir où chercher pour dénicher des sites touristiques pourtant magnifiques ».
Ils visent juste. Un constat que nous avons tous fait, et alors même qu’existe une Agence d’attractivité et de Développement touristique, et qu’on a laissé se détériorer des structures comme l’écomusée de la vanille et de l’ylang, non remplacé, ainsi que les panneaux d’informations des promenades du lac Dziani, ou du littoral dans la mangrove en Petite Terre.
Face à ces constats, une certitude, le tourisme ça rapporte : « Aux Seychelles : 21,2% de la part du PIB proviennent du tourisme (2019) ».
« Par la force des choses »…
Le tourisme doit mettre l’accent sur des activités de niche, et les collégiens en identifient trois : le tourisme bleu sur le lagon, l’écotourisme (Jardin botanique de Coconi, Pôle d’excellence rural, etc.) et le tourisme sportif (via ferrata à Boueni, rando, etc.)
Une réflexion intéressante, dans la mesure où on sait que le tourisme bleu n’a pas besoin d’encadrement sécuritaire, contrairement aux deux autres, pour lesquels il est préconisé, « le renforcement de la sécurité par le biais de médiateurs et d’associations pour accompagner les touristes ».
Et pour les trois, « l’amélioration des infrastructures présentes et la création de nouvelles : plus de sites, des moyens de transports destinés aux touristes, des logements haut de gamme mis à leur disposition, la présence d’entreprises (enseignes) connues dans le monde, comme UBER, hôtels de luxe, afin d’assurer un développement économique harmonisé mais aussi une diffusion d’une autre image de Mayotte au niveau international. »
C’est à dire qu’il va falloir investir. Mais des « freins administratifs » qui découragent les investisseurs », sont pointés. Les fonds européens restent sur leur papier, une solution séduisante, notamment sur le fonds FEDER, « 50 entreprises à soutenir en vue de la création de 300 nouveaux emplois. Le montant de l’enveloppe FEDER allouée sur ce secteur est de 10 millions d’euros. »
Nos scolaires semblent quelque peu abattus par la situation décrite plus haut, ils s’efforcent de conclure en positivant, « Si donc le secteur touristique n’est pas, pour l’heure, indispensable au développement économique de Mayotte, gageons que cette filière deviendra prépondérante sur le long terme par la force des choses ».
A.P-L.
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