Alors qu’au niveau européen, la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, s’est félicitée dans la soirée du 7 juin du compromis trouvé concernant les nouvelles règles de parité dans les conseils d’administration des entreprises cotées en bourse, le RSMA organisait ce mercredi une journée dédiée à la sensibilisation aux violences faites aux femmes. Un hasard de calendrier qui souligne à quel point la question de l’émancipation des femmes, au sein de la société, est aussi bien l’affaire du monde politique que du monde professionnel et social.
Créer un espace de d’échange et de dialogue
Dans son discours d’introduction à cette 4e édition, Charifou Marie, assistante sociale des armées au sein du régiment, a tenu à rappeler « la nécessité pour les stagiaires d’acquérir des informations afin de pouvoir transmettre le message à vos parents et à vos familles ». Au cours de cette journée, les stagiaires ont eu l’opportunité d’entrer en contact avec la dizaine de structures associatives présentes, qu’il s’agisse, entre autres, de l’Association pour la Condition Féminine et Aide aux Victimes, de Sortie du Processus de Prostitution, ou encore du Conseil départemental de l’accès au droit et du Centre d’information sur les droits des femmes et des familles.
Avec des rotations toutes les quarts d’heure, les stagiaires, par groupe de 5 à 7 individus, ont échangé avec les acteurs associatifs du département. Sur certains stands, des jeux de rôles ont été organisés ainsi que des ateliers de psychologie collective. Le but ? Susciter l’échange et ouvrir un espace de dialogue. Car au-delà des violences physiques et sexuelles qui peuvent s’exercer sur les femmes, d’autres formes de contraintes existent telles que les violences psychologiques, économiques et administratives. Apprendre à les détecter pour prendre conscience de l’engrenage pernicieux qui se referme sur la victime. Briser le silence, engager les démarches judiciaires, des thématiques qui ont été au cœur de cette journée de sensibilisation.
« Une logique de continuité dans l’accompagnement »
« Ces jeunes sont pour la plupart en décrochage scolaire ou en recherche d’emplois. L’objectif est de lever tous les freins susceptibles de compromettre leur intégration dans la société », souligne Charifou Marie. Des propos corroborés par l’officier psychologue du régiment, « la mise en place de journées de prévention avec les associations pour sensibiliser les jeunes permet de leur faire connaître les acteurs du territoire qui pourront les accompagner à la sortie du RSMA. C’est une logique de continuité dans l’accompagnement qui est à l’œuvre ». Présente à Mayotte depuis 2020, l’officier psychologue a pu constater « la ferme mobilisation de l’ensemble du territoire ainsi qu’une prise de conscience des acteurs institutionnels, sociaux etc. ».
Outre ces journées de sensibilisation « des ateliers avec des jeunes femmes du régiment ont été organisés concernant les liens entre la culture et la tradition mahoraise avec le droit français et républicain, poursuit la psychologue, puisqu’on constate des conflits de loyauté à la tradition face à la modernité ». Si des avancées notables sont à l’œuvre, le chemin à parcourir pour l’émancipation des femmes reste encore long, en témoigne Diana, stagiaire au RSMA, « on préfère parler de la problématique des violences entre filles car avec les garçons le dialogue est encore difficile. Il n’y a pas de débat possible car cela génère des conflits ».
Pierre Mouysset
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