« C’est un comité qui je pense est inédit en France, de mettre autant d’acteurs du territoire autour de la table pour réfléchir aux conditions d’attractivité du personnel soignant ». Les propos introductifs du directeur général de l’ARS de Mayotte, Olivier Brahic, mettent en exergue l’aspect capital de cette rencontre intersectorielle, la première de ce genre dans le département.
Détecter les leviers d’attractivité avec les partenaires institutionnels
« L’objectif de cette rencontre est de trouver collégialement les leviers nécessaires pour améliorer l’attractivité du territoire auprès du personnel soignant en unissant nos efforts et en définissant une politique proactive », a expliqué Olivier Brahic, avant de concéder que « tous les leviers pour rendre Mayotte attractive ne sont pas forcément du ressort de l’Agence régionale de santé ».
Pour tenter de réfléchir à des mesures concrètes pour y parvenir, les partenaires institutionnels ont fait le déplacement en nombre qu’il s’agisse, entre autres, du Mouvement des entreprises de France, du Conseil économique, social et environnemental de Mayotte, du Conseil départemental, le Centre universitaire de formation et de recherche ou encore la Caisse de Sécurité Sociale et le rectorat. Si la France est touchée au niveau national par une crise de manque d’effectifs du personnel soignant, à Mayotte, la situation est de loin la plus préoccupante.
Mayotte, un désert médical à part entière
Selon le rapport d’information du Sénat de mars dernier intitulé « Rétablir l’équité territoriale en matière d’accès aux soins : agir avant qu’il ne soit trop tard », Mayotte fait partie des 10 départements les moins bien dotés en médecins généralistes et spécialistes. Lors de la matinée, il a été précisé que la densité de professionnels de santé, hospitaliers et libéraux, est dans certains cas 3 à 10 fois inférieure aux densités métropolitaines, alors même que la population du 101e département est davantage sujette à des maladies chroniques telles que le diabète ou l’hypertension. A titre de comparaison, la métropole dispose en moyenne de 132 médecins généralistes pour 100 000 habitants, contre 121 pour la Guyane et 43 pour Mayotte.
Dans un entretien accordé en mai dernier, Patrick Boutié, directeur par intérim de l’offre de soins et de l’autonomie à l’ARS, avait longuement souligné que la crise que traverse le service psychiatrie résulte avant tout d’un « problème de recrutement, on n’arrive pas à recruter », à tel point qu’au moment de la pandémie, il est arrivé que la « psychiatrie ne tournait qu’avec des intérimaires et des renforts de Santé publique France ».
Attirer du personnel soignant pour assurer le bon fonctionnement des futurs projets médicaux
Engager une ascension du nombre de professionnels de santé de l’île s’explique aussi par
un contexte de montée en puissance de l’offre de soins sur l’île. Les futurs projets structurants de Mayotte, à l’instar du second site hospitalier prévu à Combani ou encore l’installation de cliniques privées, nécessiteront l’arrivée d’un nombre conséquent de personnels soignants pour assurer leur fonctionnement. En outre, le Projet régional de santé en cours d’élaboration définit aussi de nouvelles filières à développer à Mayotte, telles que la cardiologie, ce qui va nécessiter la venue de spécialistes.
Selon l’une de nos sources présentes à la réunion, le ressenti vis-à-vis du travail mené est prometteur, « c’est du positif à tous les niveaux, des échanges constructifs». Ce premier comité donnera lieu « bien évidemment à d’autres rencontres », abonde notre interlocuteur. Un passage aux actes grandement attendu au regard de la présente situation.
Pierre Mouysset
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