La Brigade de recherches de la gendarmerie a arrêté le meurtrier présumé trois jours après le décès de Sitti-Hafsoi Dhoiffir qui a suscité l’émoi dans le pays à cause surtout de la nature de l’agression. La femme d’affaires a été agressée violement chez elle dans la nuit du 26 au 27 juin. La victime n’est autre que la femme du propriétaire du Johanna Livingston Hôtel, Abdoul-Haffar Maanfou Kassim, un grand opérateur économique de la place.
Un meurtre crapuleux qui a provoqué l’indignation générale
“D’après le médecin qui a examiné le corps, elle a reçu plusieurs coups à la nuque, au cou et aux bras. Le ou les auteurs ont aussi volé une somme de 500.000 francs (1000 euros, ndlr), un smartphone de marque IPhone 13 et d’autres biens”, rapporte le journal Al-watwan qui cite le procureur de la République près le Tribunal de Mutsamudu à Anjouan, Mohamed Abdallah.
Ce dernier, contacté par le JDM ce jeudi 30 juin, a annoncé la poursuite de l’enquête “afin d’identifier le ou les auteurs mais surtout de déterminer le mobile et savoir s’il y a de commanditaires ou pas”. Le meurtre de cette femme est devenu le grand sujet qui défraie la chronique dans le pays. “De nombreux citoyens ne comprennent toujours pas l’acharnement avec lequel le cambrioleur criminel s’en est pris à cette quinquagénaire, mère de quatre garçons, décrite partout comme “une personne de bon cœur”, et qui se préparait à marier l’un de ces fils dans les semaines à venir”, rapporte encore le correspondant d’Al-watwan à Anjouan.
L’affaire a mobilisé les autorités au plus haut niveau. “Le ministre de l’Intérieur condamne énergiquement cet assassinat et informe qu’une enquête complète et approfondie sera menée. Tous les moyens seront mis en œuvre pour que cet acte ne reste pas impuni”, indique un communiqué officiel. Une marche a été organisée à Mutsamudu pour non seulement demander la peine maximale contre le ou les auteurs mais surtout prier pour que prennent fin ces actes crapuleux et ce phénomène d’insécurité qui plonge la population dans l’incertitude.
Les enquêteurs de la Brigade de recherche de Mutsamudu, épaulés par leurs collègues de Moroni, intensifient les recherches et promettent de ratisser large pour identifier “un réseau de fumeurs de chimique” qui rodent dans certains ghettos notamment au quartier dit Shitsangani au cœur de la capitale d’Anjouan. Mercredi soir, des agents de la Brigade ont arrêté “six jeunes” réputés proches de ces fumeurs de chimique et dont l’un a une connexion avec le suspect principal arrêté, en possession de l’IPhone volé au domicile de la défunte.
Des jeunes âgés entre 19 et 24 ans fumeurs de chimique
Selon les informations du JDM, “trois des jeunes arrêtés” viennent d’arriver tout juste de Mayotte. On ignore, pour l’instant, le profil des autres âgés entre 19 et 24 ans.Le meurtrier présumé aurait reconnu les faits et livré des détails qui corroborent les constatations faites sur la scène du crime, selon Mohamed Abdallah, le procureur de la République de Mutsamudu (Anjouan).
Un climat d’insécurité plane aux Comores même si les forces de sécurité réussissent à neutraliser les malfrats comme ces jeunes coupeurs de route actuellement mis en cellule après deux semaines de terreur dans certaines zones de l’île de Ngazidja (Grande-Comores).
Les autorités judiciaires et sécuritaires se montrent fermes contre ce nouveau phénomène d’insécurité. Il y a quelques jours, le chef de l’Etat, Azali Assoumani, a réuni les notables et les ulémas du pays pour évoquer justement ce phénomène d’insécurité couplé avec des actes de délinquance inédits. La gendarmerie a arrêté il y a quelques jours, plus de dix jeunes à Moroni en possession de produits stupéfiants.
Les auteurs de crime aux Comores sont arrêtés, jugés et condamnés à la peine de mort. Mais la sentence n’a jamais été exécutée depuis plus de 20 ans à cause de l’imbroglio juridico-moral qui entoure cette peine. L’Union des Comores ayant décidé de figurer sur la liste des pays abolitionnistes craint que l’exécution des condamnés à mort ne soit mal accueillie par les instances internationales notamment le Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU à Genève. Les autorités comoriennes ont affiché une volonté d’abolir cette peine sans jamais y parvenir puisque le pays puise aussi ses règles dans le droit musulman. En novembre 2020, les députés comoriens s’étaient fermement opposés à l’hémicycle à toute démarche qui aboutirait à l’abolition de la peine de mort.
A.S.Kemba, Moroni
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