« Des conditions atypiques », notamment sur les modalités de dépôt de plainte, et une délinquance qui s’adapte au contexte en mutant, c’est le cadre de cette 6ème édition du bilan statistique « Insécurité et délinquance » sur l’année 2021 du SSMSI. Il fournit des informations complémentaires sur l’âge, le sexe, la nationalité, aussi bien des victimes déclarées que des auteurs présumés. Et parce que les victimes d’infractions ne déposent pas toujours plainte, il est complété par l’enquête de victimation Cadre de vie et sécurité (CVS) réalisée chaque année par l’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE), en partenariat avec l’Observatoire national de la délinquance et de la réponse pénale (ONDRP). Auparavant, seul un éclairage était donné sur les Outre-mer, désormais, les DROM sont inclus au même titre que les autres départements dans l’enquête.
L’enquête revient tout d’abord sur un mea culpa d’une donnée tronquée, celle des homicides qui ont été sur-enregistrés : « Au total, le nombre d’homicides commis en France entre 2016 et 2021 est révisé à la baisse de 673 (cumul sur six ans)», souligne le SSMSI. A cela, plusieurs raisons : enregistrés par différents services (sécurité publique et police judiciaire, par exemple), ils sont « comptabilisés à tort plusieurs fois », indique le SSMSI, ou homicides requalifiés après l’enquête en accident, ou encore homicides comptées à l’étranger, on trouvait également des personnes qui n’ont pas succombé à leurs blessures, et même… des homicides contre des animaux. Depuis 2020, leur système de comptabilisation a été entièrement refondu.
En 2021, sur l’ensemble du pays, le nombre de victimes d’homicides est en hausse (+55 victimes par rapport à 2020) et s’élève à 842 victimes, dont 1 en lien avec un attentat terroriste. Les outre-mer sont davantage touchés que la métropole. Sur la période 2019-2021, le taux d’homicide s’élève à 12 pour 100.000 habitants en Guyane, 6 en Martinique, 5 en Guadeloupe et 4 à Mayotte, contre 1 homicide pour 100.000 habitants en moyenne sur toute la France. En France métropolitaine.
Beaucoup de violences sexuelles non révélées
Après une année 2020 où la France a été mise sous cloche sous l’effet des confinements, 2021 est une année de reprise de la délinquance. Les coups et blessures volontaires augmentent fortement à l’échelle du pays, +12%, sous l’effet de deux tendances : la hausse du nombre de victimes de violences intrafamiliales ainsi que celle du nombre de victimes de coups et blessures en dehors du cadre familial. Des blessures intrafamiliales qui placent Mayotte en tête des régions de France +45% de hausse. Il faut y voir essentiellement l’effet bénéfique des campagnes menées ici pour révéler ces faits qui ne sortaient pas du huis clos familial.
La Creuse et le Lot-et-Garonne sont également très impactés par ces violences, +39%. Six victimes de coups et blessures volontaires sur personnes de quinze ans ou plus enregistrées sur dix sont des femmes, tandis que chez les mineurs, les garçons sont plus touchés que les filles.
Pour autant et bien qu’en forte hausse à Mayotte, la proportion des violences intrafamiliales sur le nombre de coups et blessures volontaires reste ici nettement inférieure à la moyenne nationale (29 %), contre 66% pour l’Eure-et-Loir et le Gers (66 %). La forte délinquance de rue sur notre département en est certainement l’explication.
Après une augmentation de plus faible ampleur (+3 %) en 2020, année marquée par la pandémie et deux confinements sanitaires de la population, les violences sexuelles sont elles aussi en forte hausse en 2021 (+33 %). Elle concerne autant les viols et tentatives de viols (+ 32 %) que les autres agressions sexuelles (+33 %). Elle s’expliquerait là encore par une libération de la parole sous l’impulsion de plusieurs mouvements militants sur les réseaux sociaux. Pour autant, et bien qu’en forte hausse, cet indicateur serait encore sous-évalué si l’on en croit l’enquête CVS qui révèle que sur la période 2016-2018, un peu moins d’une victime de violence sexuelle sur six a déposé plainte.
Mayotte, 2ème DOM touché par les vols avec violence
Par rapport à 2020, le nombre de violences sexuelles enregistrées augmente de façon plus marquée en Guadeloupe (+52 %), à Mayotte (+44 %) et en Martinique (+41 %) que sur l’ensemble du territoire.
Plus de la moitié (58 %) des victimes de violences sexuelles enregistrées sont des mineurs, les filles comme les garçons. Alors que chez les hommes la proportion de victimes de ce type de violences décroît fortement ensuite, elle croît fortement pour les filles à l’adolescence, décroît ensuite nettement jusqu’à 30 ans, puis beaucoup plus lentement à partir de 30 ans.
Les vols avec violence enregistrés par la police et la gendarmerie nationales sont annoncés en baisse en 2021, mais selon l’enquête CVS, environ deux victimes de cette forme de délinquance sur cinq portent plainte. Surtout, 4 départements d’outremer enregistrent un nombre de vols avec armes par habitant bien supérieur à la moyenne nationale (0,13 pour 1.000 habitants) : la Guyane (3,6 ‰), Mayotte (2,1 ‰), la
Guadeloupe et la Martinique (0,7 ‰).
En 2021, quatre DROM enregistrent un nombre de vols avec armes par habitant bien supérieur à la moyenne nationale (0,13 ‰) : la Guyane (3,6 ‰), Mayotte (2,1 ‰), la
Guadeloupe et la Martinique (0,7 ‰)
Après une très forte baisse (- 24 %) en 2020, année marquée par la pandémie et deux confinements sanitaires de la population, les vols sans violence contre des personnes augmentent (+5 %) en 2021. Là encore, une victime de vol ou tentative de vol sans violences ni menaces sur trois a formellement déposé plainte. La majorité des personnes mises en cause pour ce type d’infractions ont entre 18 et 44 ans (59 % alors qu’ils représentent 32 % de la population vivant en France) et 31 % des mis en cause sont de nationalités étrangères.
Consulter le dossier Délinquance BilanStat2021
A.P-L.
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