Alors que la délégation de l’OFII (Office français de l’immigration et de l’Intégration) se voulait rassurante ce lundi, évoquant l’obligation pour les étrangers de s’engager désormais dans un parcours personnalisé d’intégration républicaine avec un accès bénéfique à des formations en langue française, les élus l’envisageaient autrement, alerte le député Mansour Kamardine. Il évoque « une politique axée sur la consolidation de la présence, en masse, d’étrangers à Mayotte ».
Conviés par le préfet, le député Kamardine, le sénateur Thani Mohamed Soilihi, Madi Velou (pour le président du Département Ben Issa Ousseni), Ambdilwahedou Soulaimana, le maire de Mamoudzou, Mohamed Moindjié pour les maires, ont participé à une réunion de travail avec la délégation parisienne de l’OFII sur les problématiques d’immigration, d’asile et d’intégration à Mayotte.
Alors que la mise en place d’une vraie antenne de l’OFII constitue une mise au norme du droit commun, les élus ont demandé que celui-ci soit observé dans tous les domaines, en supprimant notamment le titre de séjour spécifique à Mayotte, qui ne permet pas à son détenteur de rejoindre le territoire métropolitain.
L’immobilisme vecteur de flux
On se souvient de la réponse de Jacqueline Gourault, pourtant ministre de la Cohésion des territoires dans le précédent gouvernement, au sénateur Thani Mohamed qui l’interpellait sur ce sujet des titres de séjour territorialisés : « Donner la possibilité de quitter l’île pour le continent européen, ce serait la rendre encore plus attractive, avec les risques de détournement de procédures et d’accroître la pression migratoire ». Pendant ce temps, les arrivées se font quotidiennes sur les plages de l’île.
En clair, on nous ressort systématiquement la théorie de l’appel d’air, que ce soit sur ce sujet ou sur l’alignement des droits sociaux ou des retraites. Comme nous l’avions titré, à force de parler d’appel d’air, les rouages se grippent, le niveau de vie en pâtit et les jeunes fuient l’île faute de perspective de retraites suffisante.
A lire le Ceseda (code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile), seuls les titres de séjour délivrés par le représentant de l’État à Mayotte (à l’exception des ressortissants de l’UE), n’autorisent le séjour que sur le territoire de Mayotte. Ce n’est pas le cas en Guyane pourtant touchée par l’immigration en provenance du Suriname, de Haïti et du Brésil.
Les élus ont également demandé l’instruction des demandes d’asile dans les consulats français des pays de transit des candidats à l’asile, l’instruction des demandes des titres de séjour pour les primo-demandeurs dans les consulats français des pays d’origine, et le renforcement de la maitrise des frontières par le positionnement de la police aux frontières (PAF) au nord de Mayotte, le développement d’une véritable base de la Marine nationale et l’affectation d’un patrouilleur outre-mer de nouvelle génération à Mayotte, la création d’une unité de surveillance par drone.
Des considérations « non prises en compte », tient à souligner le député, les élus mahorais ont donc boycotté l’inauguration de l’antenne de l’OFII.
Anne Perzo-Lafond
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