Le ministre de l’Intérieur le résume ce lundi sur sa page Facebook : « depuis 2017, nous avons renforcé les effectifs de police et de gendarmerie de 50% », un 4ème escadron de gendarmerie présent sur l’île sera « sanctuarisé », « à demeure ». Des mesures antérieures donc, mais qui n’améliorent apparemment pas le quotidien de la population si l’on en croit la vidéo tournée lors des émeutes de Kawéni à la suite d’un contrôle de la Police aux Frontières (PAF) où des jeunes cagoulés agressent les habitants du quartier, 12 minutes qui ne voient l’intervention d’aucune force de l’ordre ! Il faut se pencher sur ce dysfonctionnement.
Dans un courrier adressé aux ministres de l’Intérieur et des Outre-mer, le Medef Mayotte rappelle et détaille les faits : « des caillassages de véhicules et principalement les bus scolaires, plus de 80% de caillassages sur un réseau de 250 bus scolaires, des vols à répétition, des violences urbaines, la dernière date de ce mercredi 17 août 2022 suite à un contrôle de la PAF, des attaques de casernes des pompiers, et même d’ambulances et de l’hélicoptère sanitaire du CHM, des vols incessants dans les entreprises, l’incendie de la mairie de Koungou, deuxième commune la plus peuplée sur le territoire, et tant d’autres exemples qui pourraient être cités en masse ».
En dépit des efforts faits, la tranquillité est loin d’être revenue à Mayotte et l’association de patrons déplore encore un « manque de moyens humains et matériels criant des structures en charge de la sécurité comme la police et la gendarmerie », ainsi que « des sanctions de la justice qui ne sont pas toujours à la hauteur des crimes perpétrés », notamment en l’absence de structures d’accueil des jeunes délinquants. Référence est faite notamment à l’insuffisance de travail d’intérêt général (TIG) auprès des primo-délinquants.
Pas de sécurité, pas de développement
Le niveau de délinquance est à la mesure d’un territoire dont la moitié de la population est composée de jeunes de moins de 17 ans, dont une grande partie est en déshérence. Si le ministre de l’Intérieur n’a pas toutes les cartes en mains, et que la réponse à la délinquance doit être interministérielle notamment sur la prise en charge des jeunes étrangers à l’issue de leur scolarité, il a encore une large marge d’action pour mettre du « bleu dans la rue » afin de tranquilliser la population en attendant que les mesure d’insertion et de prévention portent leurs fruits. Sans sortir très tard le soir, il est très rare de croiser une patrouille de gendarmerie ou de police sur des axes pourtant à risque. C’est donc que le quota pour tranquilliser n’est pas encore atteint. « A la nuit tombée, de 18 h à 6h du matin, l’île devient une île morte dans les mains des criminels, des délinquants, obligeant la population à s’enfermer dans leur maison tout en espérant ne pas être visitée », souligne encore le Medef.
Qui revient sur les autres conséquences de ce climat d’insécurité qui impacte l’économie du territoire : surcoût pour la sécurité des biens et des personnes, droit de retrait fréquemment exercé par les salariés, mais aussi dans les collèges et lycées, fermetures des entreprises « provoquant des pertes sèches », baisse de la fréquentation des restaurants notamment le soir, fuite des investisseurs, fuites des cerveaux et manque d’attractivité des professionnels enseignants et médicaux notamment, ternissement de l’image touristique….
« Mayotte a terriblement besoin de continuer à se développer grâce aux 2 milliards injectés depuis 2018, mais, sans sécurité des biens et des personnes, il est impossible de jouir ou d’apprécier ces évolutions. »
Et de conclure, « Votre dernier passage signe d’espoir nous a laissé un sentiment amer que la situation empirait plutôt que ne s’améliorait ». Quid de ce 2ème passage ?
Des nouvelles propositions émergent, un centre d’encadrement militaire pour éduquer les jeunes délinquants dont le 1er devrait voir le jour à Mayotte selon le ministre, et l’arrivée du Centre éducatif fermé. Mais il faut aussi répondre à la question induite par notre loi schizophrène: après la scolarité obligatoire, que faire des jeunes étrangers lorsqu’ils en sortent ?
A.P-L.
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