Sans surprise, le dernier jour de l’évènement musical de cette rentrée mahoraise, ne pouvait que recevoir plus de monde pour conclure en beauté. Pas moins de huit mille personnes ont fini par remplir le parking du marché couvert de Mamoudzou et ses alentours. Presque digne de la capacité du dôme de Marseille, en incluant l’auditoire sur l’allée longeant l’espace privatisé et les quelques curieux ayant préféré les trottoirs de la départementale, pour une meilleure visibilité que les derniers arrivant dans l’enceinte du festival. Famille, amis, jeunes, parents et officiels partagent le bonheur d’un évènement organisé pour eux.
La programmation alléchante, a convaincu un public toujours chauffé par les organisateurs. Peut-être un peu trop d’ailleurs. Les artistes invités ont eu le droit à quelques instants de fulgurances, jusqu’à malheureusement un gros incident terminant prématurément la soirée.
Les derniers artistes avant le désordre
Il est 20h, c’est le dernier soir, on se permet un peu de retard pour que l’audience soit la plus importante possible. Le public est prêt comme jamais, le show commence enfin.
All Perla ouvre la soirée, accompagné par des confrères. Il démarre sobrement, mais la pression est là, le public a une attente très forte ce soir. Le rappeur tient son show et se donne au public au niveau des barrières, entre la scène et la fosse. Un peu dans le modèle artistique que Terrell Elymoor proposait la veille. Quand une recette fonctionne, rien de mieux que de la reprendre.
Enfant de Kaweni, Reed Blowz, prend la relève d’All Perla, tout en gardant une dynamique identique. Plein d’enthousiasme, entre featuring et déhanchés rythmés, l’artiste garde le pouls du public dans son beat. Ses duos sont suants et vifs, l’audience est très réceptive.
L’arrivée de Kim est comme un coup de canon. Entre les téléphones allumés tel des torches, des cris de joies, tout cela offre à la chanteuse caribéenne un accueil triomphal. L’artiste zouk, propose quelques titres de son répertoire, sans trop de rencontre avec le public. Elle quitte la scène le temps d’un titre, puis remonte pour clore son live, telle une rock star.
Nixo entre en scène tel un boulet de canon. En pleine forme le rappeur de Kavani, très apprécié du public mahorais, propose un show unique, mêlant danse et beat, et entrain du public à chanter. Tout ça pour conclure avec l’invitation de Patsaou. Une agréable surprise, vive et pleine de créativité, à travers un morceau original partagé à trois voix et très chorégraphié.
Enfin, c’était la grosse attente de ces trois jours : le premier concert de Niska à Mayotte. Une invitation que le rappeur n’a pas manqué de fièrement souligner dès son entrée flamboyante. L’artiste star de cet événement ne fait pas les choses à moitié. Il est de ces musiciens au rythme dans la peau, à la voix grave et maîtrisé, à la gestuelle admirable. Tout le monde semble heureux, des larmes perlaient même dans les yeux de certains, des sourires lumineux sur les visages. C’était fort, un moment inoubliable.
Et puis soudain… Le vide… Un mouvement de foule se fait. Les gens sont serrés les uns contre les autres, les barrières devant la scène cèdent. Tout le monde est dépassé, sonné, apeuré. Pourtant les organisateurs et le public s’ordonnent peu à peu, et reforment l’espace pour espérer qu’il y ait reprise. Niska est remonté sur scène avec son équipe. Trop tard, la police a déjà lancée des fumigènes, les spectateurs ont les yeux qui brûlent. La sécurité du festival prend alors l’initiative de faire peu à peu évacuer le public par les issues de secours prévues.
Au loin des groupes d’individus, démarrent des caillassages aux entrées de la ville.
Heureusement, tout cela sera stoppé un peu plus tard.
Il est deux heures du matin, Mamoudzou retrouve son calme au milieu du vestige laissé par les mouvements de panique.
La promesse était là, c’est l’essentiel à retenir pour que la prochaine proposition ne soit que meilleure ! Ne gardons pas de notre île ce seul souvenir.
Ritsowonana !
Germain Le Carpentier
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