« C’est une opération coup de poing ». Les mots d’Olivier Brahic, directeur de l’Agence Régionale de Santé (ARS) de Mayotte sont appuyés afin de décrire la première vaste campagne de dépistage que connaît le 101e département. Derrière lui, les infirmières ainsi que les médiateurs s’affairent auprès du public volontaire. En cette fin de matinée, plus d’une cinquantaine de personnes se sont déjà fait dépister.
Un résultat instantané
Interrogée sur les bancs faisant office de salle d’attente improvisée sous le chapiteau, une dame fait savoir qu’elle « a saisi l’occasion de se faire dépister » compte tenu de « l’opération de proximité » mais aussi à cause de « l’accès au soin difficile sur l’île». Après avoir complété une rapide fiche de renseignements, les volontaires au dépistage du diabète et à l’hypertension artérielle sont invités à s’asseoir devant l’une des trois infirmières présentes sous le chapiteau. Une fois la tension prise à l’aide du tensiomètre, l’infirmière pique légèrement le bout du doigt de la personne afin de mesurer le taux de glycémie dans son sang. Le résultat est instantané. Les informations récoltées sont alors répertoriées sur la fiche de renseignements anonyme et serviront à alimenter de futures statistiques.
Personnels soignants et médiateurs travaillent de concert
« Si une personne non diabétique présente un taux de glycémie par litre de sang supérieur à 1,40 grammes, on va l’orienter vers un médecin traitant où un dispensaire afin qu’elle puisse réaliser une prise de sang », précise une des infirmières. Le personnel soignant est secondé par des médiateurs à l’instar de Saïd-Halidi. « Quand on est au stand, on réalise l’accueil du public, on assure la traduction pour essayer d’avoir la meilleure compréhension possible, on rassure les personnes sur les démarches qui vont être réalisées », informe-t-il. Ces médiateurs sensibilisent également les citoyens dans la rue pour les inciter à venir se faire dépister. Au total, ce sont « 2 à 4 infirmiers et 2 à 4 médiateurs par stand qui sont mobilisés », détaille Odile Pointeau, médecin coordonnant l’action de dépistage.
« On est largement au-dessus des seuils nationaux »
Houssamoudine Abdallah, premier édile de Sada, n’a pas manqué de saluer cette initiative dans sa commune. « Nous avons informé la population, on a publié sur les réseaux sociaux et sur les panneaux de la ville pour sensibiliser », indique-t-il. Vraisemblablement soucieux de montrer l’exemple afin d’inciter la population à venir se faire dépister, le maire prend place face à l’une des infirmières. « Il faut que je continue comme ça, faire du sport », commente le maire à la lecture de ses résultats.
Néanmoins, cette situation est loin d’être un cas de figure prédominant sur l’île. « Cette initiative est fondamentale au regard du nombre de personnes diabétiques sur l’île », explique le directeur de l’ARS, avant de poursuivre, « on est largement au-dessus des seuils nationaux avec 1 personne sur 6 atteinte de diabète à partir de 30 ans ». Au total, l’ARS espère pouvoir dépister entre 5 000 à 10 000 personnes d’ici le 17 septembre prochain. « Pour l’instant, ça prend bien », reconnaît Olivier Brahic. Un enjeu de santé public majeur que ne manque pas de souligner le maire de Sada, « c’est un moyen de savoir s’il on l’a ou pas afin de ne pas aggraver sa santé et d’adapter son comportement en fonction ».
Pierre Mouysset
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