« Le ministre de l’Intérieur et des Outre-mer, le ministre délégué et le ministre des Transports m’ont demandé de tenir de façon spécifique ce comité de pilotage ». En marge de cette rencontre, le préfet de Mayotte, encadré de Christophe Masson, délégué de la direction du transport aérien de la Direction Générale de l’Aviation Civile (DGAC) à la piste longue, et d’Aline Pillan, sous directrice des aéroports à la DGAC, a annoncé plusieurs mesures phares.
Un début des travaux prévus en 2026
« Il y a un choix de scénario qui a été réalisé », s’est exprimé le délégué du gouvernement. Les études préparatoires à la réalisation de la piste longue de Mayotte ont permis de confirmer « parmi les deux scénarios qui avaient été présentés lors du débat public de 2011 la faisabilité de la solution qui prévoit la création d’une nouvelle piste convergente s’appuyant sur l’extrémité sud de la piste actuelle ».
La découverte du volcan sous-marin a néanmoins rebattu les cartes compte tenu des nouveaux risques naturels susceptibles d’affecter la future piste longue. A ce titre, Thierry Suquet a rappelé que ce projet est « d’une ampleur exceptionnelle avec de nombreux enjeux qui sont liés en particulier aux nouveaux risques naturels ou à l’acheminement des matériaux ». Si les études préparatoires ont démontré « que le projet est faisable », la prise en considération de ce nouveau paradigme naturel n’est pas sans conséquence sur le délai de réalisation de l’infrastructure. Le début des travaux est ainsi prévu à l’horizon 2026.
Un coût total compris entre 550 et 700 millions d’euros
Surélévation de la piste par rapport au niveau de la mer, installation d’ouvrages en béton dont les dimensions passent désormais de 5 à 40 tonnes vont inéluctablement entraîner un surcoût. « Il faut des installations portuaires sur Grande-Terre et Petite-Terre, la création de routes pour acheminer les blocs de roche car la réévaluation de leur taille pour faire face
aux risques naturels induits par le volcan sous-marin ne permet pas de les trouver à l’état naturel », explique Christophe Masson. Des études complémentaires vont être réalisées en 2023 sur la question de la sécurisation de l’acheminement des matériaux nécessaires à la construction de la piste longue. Les aménagements rendus indispensables par le volcan sous-marin gonflent inéluctablement la facture de l’infrastructure puisque « le coût du projet est établi entre 550 et 700 millions d’euros », abonde Aline Pillan.
Un site potentiel en Grande-Terre comme faire-valoir juridique
Parallèlement aux nouvelles études complémentaires prévues l’année prochaine, le préfet de Mayotte a fait savoir que « la sécurisation juridique du projet doit inclure des justifications qui conduisent à privilégier le site actuel de l’aéroport pour la construction de la piste longue ». Pour y parvenir et éviter que le dossier ne soit attaquable, « on doit intégrer une analyse des sites alternatifs possibles », poursuit-il. Des propos proches de ceux de Christophe Masson qui indiquait récemment de la nécessité de « border le projet juridiquement pour ne pas être attaqués sur un des points non étudiés ensuite ».
Les analyses ayant débuté, il ressort pour l’heure qu’un autre site d’implantation de la piste longue serait possible. Situé sur Grande-Terre entre Bouyouni et M’Tsamgamouji, ce site « pourrait présenter des avantages » ce qui ne permet pas de l’écarter à ce stade sans études complémentaires. Ces dernières, qui seront menées en 2023, « ne viendront pas perturber le déroulement du travail que nous menons sur Petite-Terre », entend préciser le préfet. L’objectif de l’analyse de cet emplacement potentiel sur Grande-Terre entend uniquement « sécuriser le processus de réalisation de la piste longue de l’aéroport de Mayotte ». « A priori c’est plus coûteux car c’est un aéroport complet qu’il faudrait recréer », constate avec pragmatisme le délégué de la direction du transport aérien de la DGAC.
Pierre Mouysset
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