Habituellement, quand on parle de délinquance sur les routes à Mayotte, c’est pour pointer du doigt les bandes de jeunes qui s’attaquent aux automobilistes. Des faits qui accaparent l’énergie des forces de l’ordre qui n’ont pas le temps de se pencher sur les défauts de permis de conduire, d’assurance, et autres illégalités. Beaucoup de faits étaient visés pour cette OAD, Opération Anti-Délinquance, menée en coordination avec la Douane ce jeudi après-midi sur plusieurs points du territoire.
Nous qui déplorons régulièrement dans ces colonnes l’absence de forces de l’ordre sur le trajet Majikavo Lamir-Longoni en nocturne, nous étions servis : entre la prison et Koungou, ce n’était pas des bornes kilométriques, mais « sécurométriques », avec des camions de gendarmes tous les 500m, devant la prison de Majikavo, puis à l’entrée de Majikavo Koropa, et encore près de la mosquée, et un autre prés de la pointe de Koungou. Sûr que les délinquants n’avaient pas intérêt à pointer le bout de leur nez, mais ce n’était pas l’objectif, ni d’un côté, ni de l’autre.
Le commandant Laurent Seurin qui menait l’opération, sous le haut patronage du général Capelle, et en présence de la directrice de cabinet du préfet, Marie Grogeorge, nous expliquait l’ampleur du dispositif du jour : « Nous avons déployé les forces des 6 brigades de l’île, Sada, Mzouazia, Pamandzi, Mtsamboro, Dembéni et donc Koungou. Pour notre part, nous nous sommes positionnés devant la prison pour interpeller tous les véhicules et faire des vérifications d’usage : défaut de permis de conduire, d’assurance, ceinture pas attachée, etc. Nous savons qu’un tiers des véhicules n’a pas de contrôle technique à jour ici, nous ne voulons pas sanctionner systématiquement, seulement lutter contre les conduites dangereuses. »
Une présence visible demandée par tous
Aux côtés des gendarmes, la Douane intervient, « ils ne sont pas assez nombreux pour mener une telle opération seuls, ils en ont donc profité pour se coordonner avec nous. Ils sont naturellement axés sur la recherche des produits illicites, des stupéfiants, de la contrebande, des contrefaçons, etc. Les coffres des véhicules sont fouillés ». Ce qui ne se fait pas habituellement, « là, nous travaillons sur réquisition du procureur ». Un travail étroit est mené avec le parquet, « et la réponse pénale suit ». Jusqu’à présent, c’est effectivement le cas, nous avons pu le voir avec des condamnations de primo-délinquants à de la prison ferme en raison de la violence des faits commis.
Pour cette opération de « délinquance routière », la gendarmerie a mis le paquet, « nous avons associé le PSIG*, les deux équipes cynophiles de Grande Terre et Petite Terre, toutes les polices municipales, et cela pour une opération simultanée de 16 à 18h. Ce que nous voulons avant tout, c’est marquer une présence visible et rassurer les gens ».
Une présence visible, c’est ce que les automobilistes aimeraient aussi voir lorsqu’ils sortent le soir, ou quand ils rentrent tard du travail. Mais ce ne sont pas les 19 petits effectifs de la brigade de Koungou qui peuvent toujours se le permettre, c’est pourquoi, et nous y revenons ce vendredi dans un autre article, le commissariat est demandé par la population. Car le 4ème escadron désormais sur place à Mayotte ne se mobilise pas d’un coup de baguette rapide.
Néanmoins, des actions sont menées régulièrement, indique Laurent Seurin, « une par mois. Cela peut porter sur les scooters, sur les véhicules particuliers, sur les petits utilitaires, etc. »
Des véhicules sont arrêtés, une maman descend avec ses enfants, « ils étaient 6 derrière, et non attachés », note un des gendarmes présents. En soirée, les différentes infractions enregistrées sur l’ensemble du territoire étaient centralisées, « tout s’est bien passé, avec aucun refus d’obtempérer, mais essentiellement des défauts de permis et défaut d’assurance. Dix étrangers en situation irrégulière ont été interpellés ».
Anne Perzo-Lafond
* PSIG : Peloton de Surveillance et d’intervention de la Gendarmerie
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