« Poursuivre la modernisation de la ville à l’image des grands chantiers qui y sont menés ». Soiyinri Moudhoir, l’adjoint au maire en charge du numérique à la municipalité de Mamoudzou, n’a pas manqué de souligner la nécessité « de mettre à disposition de la population des outils dématérialisés », lors de l’inauguration du hotspot de la place Makengo à Mtsapere. Cette démarche s’inscrit dans la continuité du dévoilement, en août dernier, de la première borne wifi public gratuit place de la République.
Un chef-lieu connecté
Alors que la municipalité engage une dématérialisation d’une partie de ses services pour améliorer leur gestion, la prochaine en date étant « à compter du 11 novembre, la possibilité de payer les collations scolaires sur l’espace du site de la mairie dédié à cet effet », la question de l’accessibilité de ces interfaces numériques est plus que jamais essentielle. « Toute personne, habitante de Mamoudzou ou non, pourra utiliser ces bornes », renseigne l’adjoint au maire. Pour ce faire, il suffit d’activer le wifi de son téléphone, se connecter à la borne et créer un compte. Est-ce à dire que l’accès à internet est illimité ? Soiyinri Moudhoir précise que la connexion est limitée à une heure par jour par équipement.
L’accès à internet, un déficit à Mayotte
Cet équipement permet donc, à son échelle, de répondre à la volonté de Mamoudzou de se penser en smart city, ou ville connectée, tout en s’inscrivant dans son ambition de devenir une « ville monde », par essence connectée et interconnectée. Néanmoins cette vision se heurte au déficit structurel du département pour l’accès à internet. Ainsi, selon l’Institut national de la statistique, en 2018 seuls 17 % des ménages de l’île disposaient d’un abonnement internet haut débit à leur domicile, soit une proportion quatre fois inférieure à la métropole. La crise du Covid-19, avec ses confinements successifs, a notamment révélé le handicap que pouvait constituer la fracture du numérique, les conditions de travail s’étant adapté au format « en distantiel ». Le privé comme le public ont alors découvert, ou redécouvert, des applications de visioconférences, devenues depuis lors des outils communs pour le télétravail.
Une population demandeuse
Dès lors, ce n’est donc pas un hasard si, selon l’adjoint au maire, « la population est demandeuse de ce service » au regard de l’utilisation de la première borne place de la République. Au regard de l’ambition de Mamoudzou, cinq autres nouvelles zones couvertes par le wifi ont également été présentées qu’il s’agisse de la Place Sénat à Kaweni ou celle de Tsoundzou 1, le stade Passamainty ou encore le rond-point des Petits loups à Cavani et la mairie annexe de Vahibé.
Des investissements venant compléter les espaces numériques présents sur le territoire à destination de la population. Néanmoins, l’ accessibilité ne rime pas forcément avec capacité d’utilisation, le déploiement du wifi gratuit soulevant une question sous-jacente, celle de l’illectronisme d’une partie de la population.
Pierre Mouysset
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