À l’heure où nous écrivons ces lignes, le Julie Delmas est au large de Longoni, empêché d’accoster par les autorités portuaires. Le porte-container de 196 m opéré par la compagnie CMA-CGM, la principale, à desservir Mayotte, subit les conséquences du retrait de l’agrément de Manu-Port par le conseil général.
Comme l’indiquait le JDM la semaine dernière, le président du conseil départemental, titulaire de la gestion du port de Longoni a décidé de retirer l’habilitation de la manutention à la Manu-Port. Cette entreprise est une filiale du groupe Mayotte Channel Gateway (MCG), dirigé par Ida Nel et titulaire de la délégation de service public du port par le département.
Un nouveau courrier du président de la collectivité, Soibahadine Ibrahim Ramadani, daté du 23 juillet 2018, confirme l’interdiction de Manu-Port d’ « exercer l’activité de manutention sur le Port de Mayotte. »
Ajoutant que « pour des raisons de sécurité, les personnels de ladite société ne sont plus habilités à conduire les engins de manutention, faute de production des attestations de formation ».
Cette situation a fait réagir les salariés de Manu-Port qui « souhaite simplement travailler » craignant un possible chômage technique si la situation perdure. Une trentaine de salariés s’est rendue ce mercredi matin au conseil général pour demander audience au président du conseil départemental. Après quelques heures d’attente, une délégation a été reçue par les membres du cabinet Soibahadine Ibrahim Ramadani et Issa Abdou, 1er vice-président de la collectivité.
Rendez-vous au tribunal administratif
« Le conseil départemental n’a pas changé de position », constate, à l’issue de l’entrevue, Jacques Martial Henry, chargé de mission de MCG et ancien conseiller départemental. Une nouvelle réunion est prévue vendredi matin à 9h. « Entre-temps nous demandons de lever l’interdiction qui frappa Manu-Port », appuie Jaques Martial Henry.
Côté département, Issa Abdou ne souhaite pas faire de commentaire, renvoyant à la réunion de vendredi.
La décision du département a conduit les autorités portuaires à interdire l’accostage au Julie Delmas qui s’est présenté au port de Longoni jeudi dans l’après-midi. La situation est incompréhensible pour la CMA-CGM. « Il n’y a pas de problème de sécurité ou de sûreté, il n’est donc pas légitime de nous interdire l’accès au port », déplore Franck Magarian, vice-président Procurement Ports & Terminals de la CMA-CGM « C’est très dommageable pour les Mahorais. Ce genre de situation va augmenter le coût de la desserte. Nous sommes une entreprise privée, le coût final va se répercuter sur le client donc sur les Mahorais », déplore Franck Magarian.
Selon nos informations le bateau ne pourrait être à quai que jeudi en fin de matinée, alors qu’il était prévu à 16h ce mercredi. Selon la CMA-CGM, le coût à l’heure d’un tel navire est de 4 000 € / h. La facture de retard à l’accostage pourrait donc s’élever à plusieurs dizaines de milliers d’euros.
Mettant ses salariés en avant pour le maintien de l’activité de manutention le jour de l’arrivée d’un des plus gros portes-container desservant Mayotte, la direction de MCG a utilisé un moyen de pression certain, avant une rencontre, plus formelle, vendredi avec le département.
Une décision en référé (en urgence) du tribunal administratif de Mamoudzou doit intervenir le 2 août prochain. Le tribunal se prononcera sur la légalité de la décision du conseil départemental de retirer l’agrément de manutentionnaire à Manu-Port.
Axel Lebruman
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