L’Aïd-el-kébir, « la grande fête », aussi appelée Aïd-al-Asha, « fête du sacrifice », célèbre un événement commun aux religions chrétienne, juive et musulmane : le sacrifice d’Ibrahim (Abraham dans la Bible).
Pour tester la foi d’Ibrahim, Dieu lui demande de sacrifier Ismaël (Isaac dans la Bible), le fils qu’il avait eu tant de mal à avoir. Sa confiance est telle qu’il obéit, « l’acte de foi parfait », pour les croyants. Au moment de l’holocauste, l’archange Jibril (Gabriel) substituait l’enfant par un bélier. En souvenir, les musulmans sacrifient un animal, généralement un mouton. « Ou tout autre animal, c’est l’acte de sacrifice qui est important. Par ce geste, nous implorons la grâce de Dieu », nous expliquait un cadi. La veille est un jour de jeûne.
Les fêtes religieuses sont régies par le calendrier lunaire chez les musulmans. A Mayotte, le Grand Cadi a toujours choisi de privilégier l’observation du croissant céleste, qu’il justifie par la fatwa ci-dessous, quand d’autres contrées se fondent sur le calcul astronomique. Comme d’autres années, les fidèles de Mayotte étaient partagés, ce qui nous vaut une belle cacophonie ce mardi, certains ayant choisi de fêter l’Aïd, et donc de ne pas travailler, quand d’autres jeûnent et considèrent le mercredi comme férié.
La date connue une semaine à l’avance
Il faut d’ailleurs rappeler que ce jour de l’Aïd el-Kebir fait parti des jours fériés, chômés et payés, pour la Direction du travail (Dieccte) de Mayotte. En cas de nécessité urgente liée au fonctionnement de l’entreprise, l’employeur peut, avec l’accord de ses salariés, les employer à un travail effectif. Dans ce cas, le salaire est doublé ce jour là.
Les administrations et les chefs d’entreprise doivent s’adapter à ce fonctionnement problématique dans leur agenda, d’autant plus si la journée diverge entre les croyants… C’est pourquoi le Grand Cadi avait averti dès le 14 août de la date de l’Aïd, et face à la confusion, il a lancé un « appel à la raison ».
Il appelle les musulmans de Mayotte « à leur sens de responsabilité » pour « asseoir ensemble la paix sociale ». « En ce sens, à l’approche du mois de Dhoul-hedj 1439, et considérant que la question du jour de l’Aïd el kabir fait l’objet de divergences entre les gens de sciences à Mayotte, comme dans le reste du monde : je vous invite à revenir sur les textes et à étudier cette question en amont ». Il joint à cette fin les fatwas* du Comité permanent des recherches scientifiques de la ville Sainte de Makkah sur ce sujet.
Aïd Mbaraka, bonne fête de l’Aïd à tous !
A.P-L.
Lejournaldemayotte.com
* FATAWA RELATIVES AU JEUNE DU JOUR D’ARAFA DU CHEIKH AL-OTHEYMINE
On posa la question suivante au cheikh Al-Otheymine (qu’Allah lui accorde sa miséricorde) :
Si la date du jour de Arafa diverge entre les pays à cause des différents moments d’apparition de la lune, devons-nous jeûner selon le pays où nous nous trouvons ou selon le pays des deux mosquées sacrées (le Royaume d’Arabie Saoudite) ?
L’honorable cheikh a répondu :
La réponse à cette question repose sur la divergence des gens de science : l’apparition de la lune est-elle la même pour toute la terre ou est-elle différente selon chaque contrée géographique ? La réponse exacte est que l’apparition de la lune diffère selon les contrées.
Par exemple, si la lune est apparue à La Mecque -nous sommes alors arrivés au neuvième jour-, tandis qu’elle a été vue un jour avant dans un autre pays, alors ce jour qui correspond à Arafa (pour nous) sera le dixième jour pour eux. Il leur sera donc interdit de jeûner ce jour, car il correspond au jour de l’Aïd. De même, l’apparition de la lune a pris du retard à La Mecque. Ainsi, le neuvième jour à La Mecque correspondra au huitième jour dans l’autre pays. Ils jeûneront donc le neuvième jour qui correspondra au dixième jour à La Mecque. Ceci est l’avis le plus sûr, car le Prophète– Prières et Salut d’Allah sur lui- a dit :
« Jeûnez lorsque vous voyez apparaître le croissant de lune, et rompez le jeûne (du mois de ramadan) lorsque vous voyez apparaître le croissant de lune. »
Ceux dont la lune n’apparaît pas dans leur direction, ne peuvent pas être considérés comme ceux qui l’ont vue. De plus, il y a unanimité sur le fait que l’apparition de l’aube et le coucher du soleil sont pris en compte différemment selon chaque contrée. Il en est donc de même pour la détermination du calendrier des mois qui sera déterminée de la même façon que l’on détermine les horaires de la journée différemment selon les contrées.
(Fatwas de cheikh Al-Otheymine, tome 17)
Traduit de l’arabe par Fouad Sirbal
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