La quinzaine de femmes entrepreneurs qui animait la 1ère journée du Salon de l’Entrepreneuriat au féminin, avait toute quelque chose en commun, une grande détermination dans le regard… Elles se voient déjà en haut de l’affiche en quelque sorte, et certaines sont bien parties. Connues, comme Aminat Hariti, la suppléante du sénateur Thani Mohamed ou comme Salima Zily (boutique Uvaga), ou ayant percé récemment dans leur secteur, elles étaient présente pour témoigner, et dégager des pistes facilitatrices pour les femmes qui ont envie de se lancer.
Parmi les nombreuses difficultés rapportées ce jeudi matin dans une salle pleine de la BGE à Kawéni, deux majeures : la galère pour surmonter les doutes que renvoie l’entourage, et l’accès aux informations.
« Le problème, c’est quand on se sent seule, quand le mari ne vous écoute pas, témoigne Zily Salima, ne changez pas de mari, mais allez vers des structures comme la BGE ! » La jeunesse aussi peut jouer des tours : Marienou Abdou, qui s’est lancée dans la formation professionnelle avec Mahafor, explique que les maires n’étaient pas enclins à lui faire confiance, « jusqu’à ce que Anchya Bamana étudie mon dossier, et maintenant je travaille sur l’ensemble du territoire, en ayant recruté 3 formateurs ». Elle fut lauréate du Concours Talent 2017 de la BGE.
Même problème pour Samianti Saïd, Ylang Events à Mtsapéré, 22 ans : « Lorsque j’ai demandé une subvention à la Dieccte, le jury qui m’a auditionnée n’avait pas confiance. Ça m’a fait douter. J’ai rencontré les mêmes obstacles avec les commerçants pour organiser les foires ramadan 2017 et 2018, de A à Z au terre-plein de Mtsapéré, mais tout s’est bien passé ». Elle a décroché le prix de la femme entrepreneur 2018.
Shopping à L.A.
Drapée dans son salouva, Zalimata raconte les difficultés pour être prise au sérieux par son entourage dans la création de son magasin de vente de téléphones et d’accessoires le mois dernier, « on me cantonnait dans mon rôle de présidente de club de foot ». Son mari répond présent, « il m’a beaucoup aidé », déclenchant une salve d’applaudissements, et ses passages quotidiens à la BGE feront le reste.
« Aux femmes qui hésitent encore, lancez-vous !, encourage le responsable du Pôle innovation de l’ADIM, qui invite tous les entrepreneurs à pousser la porte de la Maison de l’Entreprise, place Mariage, nous renseignons sur toutes les aides actuellement disponibles ».
Car les dirigeantes d’entreprise étaient unanimes : « Nous n’avons pas assez d’informations », se plaignait notamment Salima Zily, et après avoir été accompagnée au lancement, nous n’avons plus aucune nouvelles après, on se sent délaissées. Quand il y a eu la crise sociale, nous avons été livrées à nous-mêmes, on apprenait l’existence de réunions par la presse. » Rassurant de savoir qu’on est lu ! Pour approvisionner sa boutique de vêtement, elle a dû se rendre à l’étranger, un appareil « translate » en main, se mettre à l’anglais, « et je suis allée à Los Angeles, je m’en sors pas trop mal. Je vise le sommet, je l’atteindrai ! »
Une caporal-chef sans chef
Raïcha Toillal Abdourraquib, titulaire d’un BTS gestion a quitté Paris après les attentats du 13 novembre 2015, et a créé l’institut « Bien être », c’est la BGE qui l’a aidée à structurer son projet, « et à obtenir un Prêt Initiative Jeune ».
Des informations et un accompagnement, le Cabinet Mahorais de conseil en fournit, soulignait sa représentante, « mais il y a souvent peu de monde lors de nos séances d’informations. Beaucoup vont immatriculer leurs entreprises avant de se renseigner, et ne viennent nous voir que quand c’est trop tard. La création d’une entreprise, c’est comme un gâteau, s’il n’y a pas tous les ingrédients, ça ne prend pas ! »
Elle ne serait pas aussi rayonnante, on pourrait dire que Farah Haffidhou, cabinet de BTP Deltah Immo, est une ancienne : « Cela fait 10 ans que j’ai créé mon cabinet, et nous avons tenté de mettre en place des réseaux pour lutter contre l’isolement des femmes entrepreneuses, comme l’association de Femmes Cadres et entrepreneurs de Mayotte, venez nous aider à l’animer ! »
Le RSMA était massivement et gracieusement représenté, notamment par sa caporal-chef, qui a incité à deux jeunes à se former comme esthéticiennes à Paris, « et quand je quitterai le RSMA, je pense à créer une entreprise, parce que je n’aurai pas envie d’avoir encore un chef au-dessus de moi ! »
C’est aussi ce qu’a fait Baraka Madi en créant Savana et ses barquettes de salade prêtes à consommer, « pourtant le marché de la restauration était rude ! »
La sentence est tombée de la bouche de ces dirigeantes mères de famille, « qui dit femme entrepreneur, dit femme hyper active », alors, comme le lance Zily Salima, « Il faut attacher son salouva, et y aller ! »
Le Salon se poursuit ce vendredi avec deux focus: l’international et le numérique, à la BGE, au-dessus de Groupama à Kawéni.
Anne Perzo-Lafond
Lejournaldemayotte.com
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