Le JDM : Vous êtes arrivé le 1er octobre d’un département, l’Isère, où vous avez passé 13 ans. Pourquoi Mayotte ?
Fabrice Terrien : « Tous simplement parce que je cherchais un poste de directeur départemental, et que celui de Mayotte était vacant. Mais aussi parce que il y a ici un enjeu de sécurité civile, et un enjeu managérial d’une organisation encore jeune puisque le SDIS n’existe que depuis 2014, auparavant les agents dépendaient directement du conseil général.
J’ai donc fait mes premiers pas au sein des 6 SDIS de l’île, et je vais poursuivre en activant le relationnel avec la police et la gendarmerie, ainsi que les élus et les représentants du personnel. »
Avez-vous déjà noté des manques ?
Fabrice Terrien : « C’est un peu tôt pour le dire, je n’ai pu que constater des écarts avec la métropole, en casernement et sur l’aguerrissement des hommes et femmes qui y travaillent. L’immobilier va bénéficier d’un plan pluriannuel d’investissement de 35 millions d’euros jusqu’en 2023. En Petite Terre, la démolition de l’ancien CRA est bien avancée, la construction devrait démarrer début 2019.
A l’issue de mes visites et mes rencontres, je rédigerai un « rapport d’étonnement » pour fin décembre, qui tire son nom de tous les éléments singuliers, que je porterai à l’intention du préfet. Car si le bloc communal représenté par le conseil départemental, les commune et les EPCI, financent, avec un budget de 20,8 millions d’euros pour 2018, c’est le préfet qui conduit les actions opérationnelles, avec en appui le conseil d’administration, présidé par le Département.
De ce rapport naitra une feuille de route avec des objectifs à court, moyen et long terme. Ce sera un nouveau contrat opérationnel, mon arrivée me permet de rebattre les cartes. »
On entend souvent critiquer une arrivée tardive des pompiers. Que dit le contrat opérationnel actuel ? Quelles sont vos contraintes ? Comment cataloguez-vous une urgence ?
Fabrice Terrien : « Nous ne devons pas dépasser 20 minutes de temps d’intervention en moyenne, nous avons pour cela 65 pompiers en départ immédiat depuis une caserne. Mais il faut prendre en compte plusieurs facteurs. La saturation du réseau routier sur certains créneaux horaires est le premier. Mais il faut que je vous détaille le mode d’intervention. Lorsque quelqu’un compose le 18, nous intervenons systématiquement s’il s’agit d’un feu ou d’une inondation. Mais sur les personnes, tout dépend de l’urgence. Les détresses vitales sont traitées immédiatement. Si ce n’est pas le cas, nous provoquons une régulation médicale, nous basculons vers le SAMU qui analyse la demande. Leur médecin régulateur va qualifier le degré d’urgence, et envoyer en fonction un médecin, ou conseiller le mode de soin à distance ou faire partir une ambulance privée. Si elles sont toutes sollicitées, on nous rebascule la demande, il peut donc se passer facilement 20 minutes entre ces opérations. »
Alors l’arrivée de camion vide sur une zone d’incendie comme on a pu les connaître, ce ne sera qu’un vieux souvenir ?!…
Fabrice Terrien : « Nous sommes dans une démarche de modernisation, en matériel et en homme, pour tendre vers les standards métropolitains. N’oublions pas qu’ici, il y a de vraies spécificités, sur les 13.746 interventions en 2017, 600 ont été des accouchements ! »
Si le colonel du SDIS veut communiquer c’est pour « faire rayonner ce corps afin que ceux qui en font partie soient fiers et que cela suscite des vocations. » Donc direction les réseaux sociaux, avec des comptes twitter, facebook, qu’il alimentera lui-même avec son directeur adjoint, Frédéric Robert, qui a assuré « avec brio » l’intérim de la direction du SDIS en attendant sa nomination. Il prend officiellement son commandement ce vendredi lors d’une cérémonie place de la République.
Propos recueillis par Anne Perzo-Lafond
Lejournaldemayotte.com
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