D’abord Nouridine Hakim veut nous montrer l’endroit précis où tous les soirs, une dizaine de jeunes se rassemblent, et font la loi dans le quartier. Ensuite, il veut nous parler de ce coin sud de Mamoudzou : « C’est là que Cavani a pris naissance. C’est un quartier traditionnellement paisible. Les vieux qui jouent au M’ra sous l’abri du ‘Sénat’, je les connais tous, ils m’ont vu grandir. »
Depuis un an, par intermittence, c’est le calvaire. Une dizaine de jeunes s’assoient en contrebas de sa maison, « et ils commencent à siffler pour appeler leurs chiens. Ils arrivent en meute de toute part, et coursent les deux roues qui passent. Ils ont entre 16 et 19 ans et certains sont dans un état pitoyable, au minimum c’est du bangé, mais aussi du chimique. Parfois, une voiture s’arrête, ils discutent, je ne sais pas ce qui se trame, mais c’est un tableau que j’ai déjà vu en métropole. Il ne faut pas que ça s’installe ici ». Il évoque de possible passages de dealers.
Les pneus dégonflés en représailles
Il y a quelques jours, ça a dérapé : « Le propriétaire d’une maison qui vient d’être rénovée a interpellé un gamin et lui a demandé de le conduire à ses parents, mais il s’est fait agresser à coups de pierre. Il est allé déposer plainte. Cela fait un an qu’on avertit la police, mais ils ne savent pas quoi faire. » Lorsque les habitants leur crient de quitter les lieux, ils retrouvent leurs pneus dégonflés le lendemain matin. « Ils sont même parvenus à me piquer des chaussures au premier étage, et alors qu’il y a des barreaux à la fenêtre. »
Ces jeunes, il en connaît quelques uns, « l’un d’entre eux a loupé son Bac l’année dernière, depuis il traine. » L’ambiance s’est dégradée, plus personne n’ose leur parler, beaucoup d’habitants ont peur. »
Nouridine Hakim et le comité villageois ont donc organisé une réunion « de sensibilisation et de prévention de la délinquance » entre habitants ce jeudi à 17h, sur la place appelée « Sénat », à Mtsapéré, le lieu de toutes les discussions. « Pour mettre en place un plan sécurité de prévention de la délinquance, et nous avons convié le capitaine Chamassi parce qu’il travaille au cabinet du préfet, ainsi qu’un de ses collègues policier ».
Anne Perzo-Lafond
Lejournaldemayotte.com
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