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vendredi 22 novembre 2024
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Baleines, dauphins : le label anti mises à l'eau ne fait pas l'unanimité

Un label prévoyant l'interdiction des mises à l'eau avec les mammifères marins n'a été signé que par trois entrepreneurs ce lundi. Parmi eux, un seul prestataire en activité. Tous les autres ont boycotté la soirée, estimant qu'on peut nager en étant respectueux.

Vraie avancée pour les mammifères marins, ou catastrophe pour les opérateurs de tourisme bleu ? Un nouveau label est désormais proposé aux prestataires nautiques à Mayotte. High Quality Whale Watching, ou “Observation de haute qualité des baleines”, est un label métropolitain, créé en Méditerranée. Administré à Mayotte par une association malgache, il a vocation à devenir obligatoire pour répondre à un appel d’offre.

Lundi soir, seuls trois  chefs d’entreprise ont signé : Cyrille Civetta, de Planète bleue, qui a créé la marque Ocean Respect avec un autre signataire : Pascal Jardin. Ce dernier n’est pas encore installé à Mayotte. Le troisième n’est pas encore installé non plus, mais connaît bien le lagon, il s’agit de Marco Demoulin, pilote travaillant pour Planète bleue, qui se met à son compte. Tous les trois se connaissent donc bien. Aucun autre prestataire n’a suivi.

Pour Cyrille Civetta, il était important “d’ouvrir la voie”. “La mise à l’eau s’est démocratisée en deux ou trois ans, explique-t-il. Il y a eu une grosse pression sur les baleines cette année. Avant les gens n’étaient pas demandeurs. Le gros intérêt du label, c’est l’interdiction des mises à l’eau avec les mammifères, ça nous coûtera un peu au départ, mais il faut que le public comprenne qu’il faut appuyer sur le frein, ne serait-ce que pour leur sécurité. Je me prive aussi en le faisant, car on aime tous ces animaux, mais il faut bien qu’on ouvre la voie.”

Trois signataires seulement ont rejoint le label

Un autre prestataire, non signataire et qui a requis l’anonymat, fustige cette volonté d’interdire les mises à l’eau. “Ce qui est gênant dans ce label, c’est l’interdiction des mises à l’eau. L’institution veut calquer un label qui existe en métropole sur Mayotte où il y a des spécificités, pour moi ce n’est pas adapté. Pour eux aller dans l’eau, ce n’est pas exemplaire, ce n’est pas comme ça que ça fonctionne. On peut faire des mises à l’eau tout en respectant les animaux. C’est dommage de se serrer les boulons alors qu’on est peu nombreux et qu’on est déjà exemplaires. On applique notamment la règle qui interdit l’approche volontaire après 14heures. Il y a des incohérences entre la réglementation et la réalité du terrain et la vie des entreprises, la réalité ne le permet pas toujours. Ici on est loin d’un tourisme de masse, pour moi c’est de l’étranglement.”

Il dénonce un manque de communication avec le Parc Marin, financeur et institution relais du label à Mayotte. “Le label, c’est quelque chose qu’on a souhaité, mais sans la mise à l’eau car ça va trop loin. Cela fait deux ans que la plupart des prestataires ne signent pas la charte d’approche, parce qu’il y avait des problèmes de communication avec le Parc marin. Ce n’est pas pour ça qu’on est des sauvages et qu’on ne respecte pas les animaux. On voit que ça va à contresens des opérateurs puisqu’il n’y a aucun opérateur qui signe (en fait, un seul en activité et deux à venir), si le Parc n’est pas suivi, le Parc n’est pas crédible.”

Abdou Dahalani, président du Parc naturel marin, estime quant à lui que “C’est bien de faire du développement respectueux, l’ambition qui est la nôtre est de faire en sorte que le lagon constitue demain un levier essentiel de la vie économique du territoire”.

Un saut de baleineau à Mayotte en septembre 2018

“Il faut accompagner les acteurs économiques, rebondit Raïssa Andhum, adjointe au développement durable au Département. Un tourisme doit se développer sur notre territoire, mais un tourisme responsable et respectueux de la biodiversité. Il y a cette richesse, et cette richesse peut générer de l’emploi, nous espérons que les opérateurs qui n’ont pas pu signer vont reconnaître l’importance de ce label.”
En l’absence de concertation avec les autres acteurs économiques du tourisme bleu, le label HQWW risque surtout de couler à pic. Sauf si le chantage à l’appel d’offre contraint les opérateurs à s’y plier de gré ou de force. Ce serait alors aux clients de montrer s’ils acceptent ou non de payer une prestation sans mise à l’eau, au risque de mettre ces entreprises sur la paille.

Y.D.

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