Il faisait triste mine Saïd Gaba ce samedi prés des 23 exposants : « Ils sont deux fois moins nombreux que les autres années, nous avons été concurrencés par le marché paysan de Coconi, quand nous nous en sommes aperçus, il était trop tard », déplore le Chef de projet Politique de la Ville de Chiconi. La création d’une cellule de coordination des évènements culturels de l’île devient urgente.
Mais l’esprit du Festival est toujours là pour cette 6ème édition, selon lui : « Au départ, nous avons créé cet événement pour que les auteurs d’un artisanat local en perdition puisse le transmettre. Aujourd’hui, nous comptons parmi les accompagnateurs, la BGE, Adie la CCI ou la Chambre régionale de l’économie sociale et solidaire, justement pour que les jeunes porteurs d’un projet artisanal, puissent le mener à bien. »
Initialement dévolu aux artisans de la commune, le concept du Festival du geste et des savoir-faire s’est élargi pour accueillir ceux du territoire, « il faut apprendre des expériences alentour. »
« Si je meurs demain, c’est fichu ! »
A côté de lui, la jeune entreprise Métal Concept Multiservice* (MCM), lancée cette année par de jeunes entrepreneurs, « nous créons des panneaux de décoration en métal, mais aussi des supports publicitaires », expliquent-ils devant des panneaux aux divers motifs. “Un savoir faire qui s’est transmis et modernisé aux besoins de notre époque”, glisse Saïd Gaba. A côté, des mains se succèdent pour un tatouage au héné.
Un peu plus loin, dans le village de Sohoa, aux détours de ruelles, se niche un atelier de conception de multiples produits artisanaux, de la traditionnelle louche en coco, aux pilons, aux paniers en feuille de cocotiers séchées à porter en bandoulière. Mohamed Abdallah Mattoir ajuste et tresse, et assure les finitions impeccables. Nous nous étonnons de son absence du Festival du geste… « Je n’ai pas été bien informé du déroulement de cette journée, j’aurais pu vendre beaucoup », déplore-t-il. Nous interrogeons ses enfants et petits-enfants qui l’entourent, personne n’a repris le savoir faire paternel, « si je meurs demain, c’est fichu ! », lance-t-il. Dommage que les stands du Festival n’aient pas abrité ces fundis, et ils sont nombreux sur l’île, qui n’auraient demandé qu’à transmettre leurs gestes.
Sur la place centrale bordée de maisons à piliers colorés qui donnent à Chiconi son look de western, des bambins rangés en une longue file attendent leur tour pour donner du mollet sur un trampoline, tandis que s’élèvent sous la halle, les chants des groupes de Debaa, dont la gestuelle n’est heureusement pas prête de se perdre.
Anne Perzo-Lafond
Lejournaldemayotte.com
* MCM : 0639 09 25 66
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