Le prélèvement à la source sera bien de retour à Mayotte le premier janvier. Mais cette réforme du mode de paiement des impôts sur le revenu présente encore pas mal de couacs pour les employeurs. Ceux-ci se retrouvent à gérer le taux de leurs salariés, doivent s’inscrire sur une plate-forme en ligne, Net-Entreprises, et tout cela prend du temps… Quand ça fonctionne.
André Laurent, ingénieur divisionnaire chargé de la mise en place du prélèvement à la source à Mayotte, répondait aux questions des employeurs et autres responsables RH.
Une patronne de Dembéni a trouvé seule la solution à son problème. l’accent sur le nom de la commune ne passait pas “Dembéni avec un accent, ça apparaît en rouge et impossible d’avancer” souligne-t-elle. Un autre est confronté à un salarié dont c’est la première embauche. Son numéro de sécurité sociale n’est donc pas connu de l’administration. “Vous aurez à appliquer le taux neutre” lui répond l’ingénieur.
Si les questions techniques restent nombreuses, c’est l’informatique qui fait le plus parler d’elle. “L’éditeur en ligne ne fait sa mise à jour que le premier décembre, je ne pourrai pas pousser les tests à fond note Michaël Lagenebre, responsable RH de la société Mahoraise Assainissement propreté, les fameux camions roses. C’est du travail en plus pour nous, poursuit-il. Ça demande une semaine de travail qu’on aurait pu consacrer à autre chose, ce qui est propre à Mayotte, c’est qu’ici on enchaîne aussi les 35h etc.” Selon ce responsable, le gros contretemps “c’est le paramétrage du logiciel, quand ça sera fait, tout ira tout seul”, d’autant apporte-t-il, que “on a déjà connu le prélèvement à la source à Mayotte, c’est un retour… à la source”.
Paramétrage pour l’un, mais gros blocage pour d’autres.
Ainsi plusieurs entreprises qui ont tenté de s’inscrire sur la plate-forme en ligne ont constaté que leur numéro Siret ou Siren n’était pas reconnu. Un message “Siret non autorisé” fait perdre du temps à Anrikamate Nasser, responsable de paye au GIE 3M, un groupement d’intérêt économique qui revendique jusqu’à 14 entreprises à gérer. A l’heure actuelle, une seule a vu son numéro reconnu. “Les dysfonctionnements sont purement informatiques, note la responsable qui se dit “pas prête” pour le prélèvement à la source tant que ces soucis subsistent. “J’ai fait tout le nécessaire mais il y a ces problèmes techniques, la déclaration doit se faire au plus tard le 10, mais je suis bloquée”.
La responsable des ressources humaines de la CAPAM, la chambre d’agriculture, n’est pas en reste. “Je n’ai pas pu finir mon inscription sur Net-Entreprises, et à l’assistance téléphonique, on m’a dit que c’était un problème d’administrateur, la personne m’a dit de chercher qui est l’administrateur, je suis bloquée depuis le 26 septembre”.
Un autre employeur dénonce lui l’incompétence affichée parfois par les interlocuteurs, incapables de répondre aux questions soulevées au téléphone. “Parfois au téléphone, on a un interlocuteur qui nous renvoie vers la brochure, on les a lues les brochures !” s’agace-t-il.
Autant de doléances qui devraient s’estomper à mesure que les problèmes techniques sont identifiés et résolus, mais qui laissent une désagréable impression de précipitation dans l’application de cette réforme du prélèvement, et d’une perte de temps dont ces chefs d’entreprise se passeraient bien.
Y.D.
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