Trajectoire d’un sac plastique : de l’océan à nos estomacs. Chaque année, plus de 20 millions de tonnes de déchets sont déversés dans les océans dont 80% de plastiques. Ces macrodéchets (nommés ainsi par opposition aux contaminants invisibles) représentent un danger pour une multitude d’espèces marines qui peuvent les ingérer ou s’y emmêler, entraînant leur mort. Ils servent également de moyens de transport pour des espèces exotiques potentiellement envahissantes.
En moyenne, le plastique met 500 ans à se dégrader. Issus de l’industrie pétrolière, les déchets plastiques se réduisent peu à peu en microplastique tout en relâchant des microparticules et des contaminants chimiques. Pour la plupart toxiques, ces polluants seront assimilés par toute la chaîne alimentaire pour arriver jusque dans nos assiettes et donc nos organismes !
En favorisant les maladies des animaux marins, ces déchets et ces polluants ont aussi un impact sur la qualité des eaux, la pêche et la croissance des coraux qui nous sont si chers.
Mayotte : une gestion des déchets en développement
A Mayotte, après de fortes pluies, il est courant de voir flotter énormément de déchets. En effet, un détritus jeté par terre se retrouvera tôt ou tard dans l’eau !
Coordonner collecte et services communaux
La gestion des ordures sur le département s’améliore d’année en année, notamment par la mise en place de trios sélectifs (plastique, verre, métal) et la création d’un Centre d’Enfouissement Technique.
Cependant, il reste de nombreux défis à relever sur le territoire : structurer les filières de collecte et de recyclage, remettre en état les anciens sites de stockage, maîtriser le développement de la consommation des produits sur-emballés, mettre en place des filières de gestion des déchets dangereux, coordonner les syndicats de collecte et les services communaux, etc.
Afin de mieux comprendre la dynamique des déchets en mer, le Parc naturel marin de Mayotte a mis en place en 2016 un Observatoire des macro-déchets dérivants qui opère sur trois axes :
– Un suivi trimestriel de cinq plages non fréquentées par l’Homme et sous de fortes influences marines, sur 100 mètres de plage. En deux ans, 16.345 détritus soit 321 kg ont été ramassés par les agents du Parc. Plus de 90% de ces déchets font partie de la grande famille des plastiques dont les 2/3 pourraient potentiellement être recyclés ou valorisés (tongs, bouteilles, …).
Cette étude montre, sans surprise, que 75% de ces déchets se retrouvent sur nos plages pendant la saison des pluies. En effet, les pluies lessivent les sols des bassins versants, souvent mis à nu pour y cultiver ou y construire des habitations, emportant avec elles les ordures et la terre qui ruissellent jusqu’au lagon.
– Un suivi des déchets sur les récifs frangeants sur 22 stations de 100 mètres. Certains débris ne flottent pas longtemps et finissent par couler et peuvent atterrir sur des récifs coralliens.
Cette étude montre que l’on trouve, en moyenne, 60 détritus par hectare sur nos récifs. 60% de ces déchets sont issus des activités de pêche. En restant accrochés sur du corail, ils peuvent transmettre des maladies fragilisant le récif et ses habitants.-
– Un suivi des déchets flottants. Afin de mieux comprendre la dynamique des déchets qui flottent, qui coulent et qui s’échouent, le Parc vient de lancer l’expérimentation pour un an, d’un prototype de robot qui permet de récolter les saletés flottant en surface. Ce suivi permettra de compléter les données de l’Observatoire, qui aura alors une vision des déchets, dérivant, coulant sur les récifs et s’échouant les plages…
En plus de ces trois suivis scientifiques visant à mettre en place des indicateurs qui montrent l’évolution des déchets marins, les agents du Parc ramassent tous les jours les déchets qu’ils croisent en mer, sensibilisent les jeunes et les usagers, participent à des journées de ramassage organisées par les associations, etc.
Comment agir avant que Mayotte ne devienne une décharge géante ?
En tant que citoyens mahorais et pour nos générations futures, nous sommes tous responsables de la préservation de notre île aux parfums d’ylang, vanille et autres fragrances naturelles.
Quelques gestes simples et qui permettent de faire des économies sont faciles à adopter dans la vie de tous les jours :
– Evitez les assiettes et les couverts en plastique lors des voulés
– Faites vos courses avec des sacs réutilisables
– Sélectionnez des articles qui n’ont pas plusieurs emballages
– Privilégiez les produits labellisés (produits d’entretien…)
– Faites le tri sélectif en rapportant le métal, le verre, le plastique et les piles
– Evitez le gaspillage : faites du compost !
– Participez aux journées de nettoyage organisées par les associations et les communes
– Profitez et faites profiter les initiatives locales comme l’échange de cannettes et boîtes de conserve vides contre des biens de consommation courante, les laveries sociales et écologiques (association YesWeCanette)
– Contribuez et informez-vous lors de la semaine européenne de réduction des déchets (du 17 au 25 novembre). Plus d’information sur le site Ademe.
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