La révision en profondeur adoube l’ADIM, l’Agence de Développement et d’Innovation de Mayotte, comme guichet unique pour le dispositif d’aides au Département. Ayant pignon sur rue au sein de la Maison de l’Entreprise, les porteurs de projets visualisent désormais parfaitement la structure, qui n’a semble-t-il plus besoin de faire ses preuves.
Ils ont été 376 à frapper à sa porte en 2018 pour présenter leurs projets, en majorité dans le secteur des services (147), et dans le commerce (89). Suivent le BTP (54) et l’hôtellerie restauration (35). Sur les 31 projets financés, 13 concernent des entreprises en développement, et 18, des créations. L’Aide à l’initiative des Femmes (AIF) est le principal outil utilisé.
Au total, les aides du conseil départemental auront atteint 1,7 million d’euros, qui, par effet de levier, auront permis de lever 9,7 millions d’euros pour ces entrepreneurs. Ce qui remet en perspective le moindre million dépensé ailleurs…
Les banques ont cofinancé pour 36% en moyenne. « Ce qui a permis de créer 45 emplois, et d’en pérenniser 35 », rapportait Frantz Sabin, le directeur de l’ADIM.
Pas d’élu dans les rouages
Encore plus que le président Soibahadine qui soulignait que « les investissements d’aujourd’hui sont les emplois de demain », son vice-président Chargé des finances, Ben Issa Ousseni, savourait ce moment, après avoir essuyé quelques critiques de certains qui voulait voir dans son ADIM une coquille vide : « Avant de se lancer dans l’accompagnement financier, il fallait revoir notre système d’encadrement : consolider l’entreprise pour viabiliser les projets et s’assurer que les porteurs de projets accompagnés soient en capacité d’aller jusqu’au bout. »
Les trois dispositifs d’aide, l’Aide à l’investissement, l’AIF, et l’Aide à l’initiative des Jeunes (AIJ) obéissent à la même règle : « Nous débloquons 50% à la signature, et le reste lorsque 75% du projet est réalisé. Les structures capables de lever des fonds européens ont pu bénéficier de financements supérieurs, jusqu’à 500.000 euros. »
Les projets sont examinés en comité technique, « il n’y a pas d’élus », croit-il bon de préciser, provoquant des rires dans l’assistance. Les entreprises sont également accompagnées au développement à l’international.
Un médecin mahorais implante une maison de santé
Pour booster ces ambitions, le président Soibahadine rappelle la sienne, d’organiser en 2027 les Jeux des Iles de l’océan Indien, « nécessitant de construire des équipements sportifs à même de fournir du travail à nos entreprises. » Idem, la nécessité de décongestionner Mamoudzou en créant de nouveaux centre-villes ailleurs dans l’île, ou l’opportunité que peut offrir l’exploitation du gaz au Mozambique, avec le choix de Mayotte comme base arrière.
Les bénéficiaires des aides économiques du département présentaient leur projet ce mardi matin dans l’hémicycle : des doukas ou des petites boutiques, pour les plus petits, un Centre informatique ou une maison de santé, pour les plus gros.
Le docteur Elhad Mohamadi bénéficie d’un accompagnement de 500.000 euros pour l’implantation d’une Maison de santé à Ouangani, d’un montant de 3,4 millions d’euros: « J’ai obtenu le permis de construire, et le financement bancaire est en cours d’instruction », nous explique-t-il, avec l’appui de l’élu chargé du social Issa Issa Abdou, « parce qu’une PMI va suivre », glisse ce dernier. Diplômé en 2013, il est revenu sur son île aussitôt, pour travailler en libéral au cabinet de Chiconi.
Entrepreneur dynamique de l’île, Fayçoil Mouhoussoune porte aussi une grosse extension, son Data Center ITH, d’un montant de 5 millions d’euros, accompagné lui aussi à hauteur de 500.000 euros par le conseil départemental, « il s’agit d’une grosse salle de serveurs, décrypte-t-il, pour laquelle la CCI m’a aussi accompagné dans une formation et sur un Business model ».
Il s’agit là d’un premier bilan précis de la structure du conseil départemental, l’ADIM qui annonce vouloir se doter d’un logiciel pour améliorer la traçabilité des accompagnement, par la voix de son directeur, qui poursuit dans sa défense de l’attractivité du territoire, « Mayotte, c’est l’endroit où il faut investir », conclura-t-il de son inimitable accent créole.
Anne Perzo-Lafond
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