Ce qui devait être un atelier est devenu un rendez-vous. Incontournable pour certains élèves qui ont trouvé autour du peintre une atmosphère légère et un peu magique.
Dans une ambiance bon enfant, ces lycéens qui le “suivent depuis le début” chambrent volontiers le bonhomme grisonnant qui fait délicatement glisser ses pinceaux sur la grande toile accrochée au mur du foyer du lycée. “Il s’attribue tout mon mérite” lance l’un, avant que tous ne prennent les pinceaux pour faire semblant de participer à l’oeuvre que Marcel Séjour réalise, trois heures par semaines depuis un mois et demi dans l’enceinte du lycée.
Semblant car “personne n’a le droit d’y toucher” avertit le maître artiste. “Ils donnent souvent leur avis sur les couleurs” admet-il toutefois. Et de faire remarquer qu’un pinceau a été reposé à l’envers. “Celui-ci vaut 15€. Celui là, 27€. S’il reste la tête en bas, en un rien de temps il est baisé. La première leçon c’est de remettre le matériel correctement”.
Le vocabulaire sec et la voix grincheuses du peintre s’accordent à merveille avec son sourire espiègle. La jeunesse accroche et admire les petites touches successives qui apparaissent.
Cette oeuvre n’en est pas moins un travail collectif. A l’origine de ce projet porté par le proviseur Cuilhe se trouvent les élèves de l’option art plastique. Ce sont eux qui ont décidé du thème de l’oeuvre qui serait ensuite réalisé sous leurs yeux. “Ils ont décidé que la scène se passerait sur une plage, avec un voulé et des gens d’origines diverses” explique le peintre en donnant sa couleur de peau à un footballeur de la fresque. Plusieurs fois dans l’année, un atelier est organisé dans l’amphithéâtre du lycée où les élèves d’art plastique viennent dessiner et échanger. Cet atelier est depuis un mois et demi complété par une démonstration en temps réel au lycée, chaque jeudi après-midi.
“J’ai voulu montrer que c’est possible, que ce n’est pas de la magie mais simplement de la maîtrise de l’outil. L’idée c’est de montrer ma technique aux élèves qui veulent”.
Son souhait, c’est de “donner envie”. “Mon rêve, c’est qu’un jour un de ces jeunes vienne me voir et me dise, monsieur, ce que vous faîtes, je peux le faire plus vite et mieux, et qu’il le fasse ! En tout cas ceux qui ont envie et me demandent trouveront une oreille favorable”.
Si la relève ne semble pas assurée, le peintre se réjouit de travaillé avec “un public sympathique, d’autant plus qu’on a déjà travaillé ensemble. Même si au niveau intérêt, un seul m’en a vraiment montré. Au final je travaille mieux ici que chez moi, personne ne me casse les pieds”.
Y.D.
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