Aide sociale à l’enfance (ASE), protection maternelle infantile (PMI) et prise en charge de centaines de personnes par diverses associations, “le médico-social a pris son envol” salue Issa Issa Abdou, vice-président du Conseil départemental en charge des affaires sociales. Grâce à cela, le Département selon lui fait “en sorte que la petite délinquance trouve des réponses et que notre territoire devienne un territoire en paix”. Mais il reste selon lui également nombre de points à “optimiser”. “L’avenir c’est qu’il y ait un GHT (groupement hospitalier de territoire) à Mayotte. Considérer que Mayotte et La Réunion étaient un même territoire était une aberration”, poursuit l’élu. Le RSA “insuffisamment compensé”, les personnages âgées “une de nos préoccupations”, autant de “défis colossaux” pour “le territoire le plus pauvre de France” qu’Issa Issa Abdou énumère.
Alors que dans le même temps à Paris, les députés étudient le projet de loi Santé qui doit créer l’ARS de plein exercice à Mayotte pour le premier janvier prochain, le directeur adjoint de l’ARS Océan Indien Xavier Montserrat salue quant à lui “un séminaire conjoint entre le Conseil départemental et l’ARS qui augure une nouvelle ère pour le médico-social”.
Plaidant pour une “logique globale” et un travail “transversal”, le fonctionnaire plaide pour que les collectivités territoriales soient pleinement intégrées à ces politiques dans “une stratégie d’alliances fortes”. C’est d’ailleurs un des objectifs de ce séminaire, faire en sorte que les acteurs fassent connaissance pour apprendre à travailler ensemble.
Il plaide aussi pour plus “d’éthique” concernant les personnes âgées ou en situation de handicap. “Les conditions de prise en charge des personnes âgées et en situation de handicap sont les marqueurs de développement d’une société, ça lui donne valeur et honneur” estime-t-il.
Parmi les priorités, agir en co-construction pour la formation des professionnels et leur recrutement, la prise en charge de l’autisme et des troubles du développement. “L’objectif est de développer un dépistage précoce” souhaite le vraisemblable futur directeur de l’ARS Mayotte. “C’est un enjeu essentiel” appuie-t-il.
Tout cela étant censé accompagner la création de places dans le secteur médico-social. Aujourd’hui, il n’y aurait selon lui que “571 places” dans ce secteur, alors qu’à Mayotte “le besoin est estimé à 1500 places, la marche est haute”. Courant 2019, quelque 250 places supplémentaires seront ouvertes, et 197 autres suivront dans les mois ou années qui suivent. Selon le planning présenté, il en manquerait toujours 500. Et un meilleur dépistage mènera sans doute à revoir les besoins encore à la hausse.
Toujours dans un souci d’accompagnement, une maison des usagers pourrait voir le jour prochainement, pour fédérer en un même lieu les différentes associations de patients et de proches.
Il ne manque pas que des médecins
Mais encore faudra-t-il “former les associations d’usagers pour qu’elles prennent leur place” ajoute Joelle Rastami, présidente suppléante de l’URAASS, union des associations d’usagers de l’océan indien. Le groupement compte 20 associations dont 5 seulement à Mayotte.
Pour la bénévole, il y a donc l’usager, qui “a le droit aussi de dire ce qui ne le satisfait pas dans le système de santé” mais “il ne faut pas oublier les aidants, le transport des usagers, car un mineur, à 15 ans, on ne peut plus le transporter” et il faut enfin selon elle booster “le dépistage précoce, pour l’autisme et pour Alzheimer” entre autres.
Pour elle, la formation des représentants d’usagers est primordiale car, s’il existe des bonnes volontés sur le territoire, “quand on défend l’autisme, il faut être un expert en autisme. Comment peut-on demander quelque-chose qu’on ne connaît pas ?”
Pour elle, la maison des usagers devra être “une porte ouverte” pour les associations, un “guichet unique” pour échanger, se former, bénéficier de réseaux informatiques et humains mais aussi “siéger dans des instances et être reconnu”. Les usagers non membres d’une association y trouveront aussi un relais pour être dirigé vers l’association appropriée.
Elle appelle enfin à ne pas se focaliser sur la formation des médecins comme évoqué plus tôt dans la matinée. “On s’est aperçu qu’on manquait de médecins, mais pas encore qu’on manquait d’assistantes sociales, d’ergothérapeutes, de psychomotriciens… Il faut des moyens humains et matériels.”
YD
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