Les douanes jouent “un triple rôle” rappelle Jacques Brablé, directeur régional des douanes de Mayotte. La protection des citoyens, via la saisie de matériaux dangereux, la protection économique via la lutte contre la contrebande, et la perception fiscale, que tout destinataire d’un colis de valeur connaît bien.
La centaine d’agents des Douanes de Mayotte est notamment “engagée dans le dispositif coordonné de lutte contre l’immigration clandestine par voie maritime” poursuit le directeur.
A ce titre, de nombreuses saisies sont régulièrement effectuées. “Le bilan 2018 des saisies est en nette progression dans presque tous les domaines” indique le responsable.
Les saisies de tabac sont ainsi en hausse de 6%, soit 200kg de plus. De 2017 à 2018 les saisies passent de 3,1 tonnes à 3,3 tonnes. Pour l’essentiel, il s’agit de cartouches de Coelacanthe, une marque de cigarettes fabriquées aux Comores et dont la composition exacte reste selon les autorités, douteuse, et de tabac brut.
Les saisies de cannabis explosent quant à elles, avec une hausse de 450% en un an, passant de 60kg à 276kg.
La seule baisse, quoique légère, concerne les contrefaçons ou produits non conformes aux normes. 15700 articles ont été saisis et détruits. Cette baisse est due à la grève qui a paralysé le port l’année dernière. La plupart de ces saisies est en effet le fruit du contrôle de conteneurs de marchandises. Or, ces importations sont selon le préfet Dominique Sorain devenues “un phénomène criminel”, lié à “des réseaux de trafiquants” à l’échelle internationale.
“Fabriquées en dehors de tout cadre légal, ces contrefaçons peuvent être dangereuses. Surtout à Mayotte où les éclaircissants pour la peau peuvent contenir des métaux lourds, des phtalates et autres produits cancérigènes. L’achat d’une contrefaçon, poursuit le préfet, n’est jamais une bonne affaire pour le consommateur, il ne bénéficie qu’à l’économie souterraine. Or, sans acheteurs, il n’y aurait pas de vendeurs.”
Du plomb et du cadmium ont ainsi été décelés dans des crèmes prisées sur les marchés illégaux et venant pour beaucoup de Côte d’Ivoire. Des contrefaçons d’antalgiques et d’anti-inflammatoires ont aussi été saisis en quantité, notamment des boites contrefaites d’Ibucap, un médicament à base d’ibuprofène. “Ce médicament existe, mais le conditionnement n’est pas le bon” constate Roxane Labeyrie, directrice des contrôles à la douane qui note donc “une pure contrefaçon”.
A côté, des médicaments présentés comme ayant des vertus érectiles et donc la composition n’est pas précisée. Non moins dangereux, des toupies copiant le célèbre handspinner, mais dont les petites pièces se détachent sans effort, présentant un risque d’étouffement pour les jeunes enfants. “Regardez, on le prend et ça part” démontre la douanière en chef.
Plus vicieux encore, ces jouets présentant une étiquette “CE” prétendant ainsi respecter les normes européennes. Sauf que l’étiquette est aussi contrefaite que le produit. Citons ce fauteuil Mickey Mouse que Disney ne produit pas et qui se déchire aisément, ou ces pousse-bébé à la résistance aléatoire.
Au milieu des médicaments et jouets de contrebande et/ou de contrefaçon, des réchauds à pétrole s’entassent. Un des produits les plus dangereux du lot. Risque d’incendie, de brûlure, d’explosion sont évoqués. Démonstration faite, ces supports pour “faire la popote” ne sont pas stables au sol. Le nombre de grands brûlés au CHM atteste des risques liés à ces matériels défectueux.
Une partie des centaines d’articles présentés pour la presse a été prestement détruite par un rouleau compresseur. Le reste sera confié à des prestataires privés disposant de moyens de destruction appropriés. Les produits plus sensibles comme la drogue, suivent quant à eux un chemin gardé confidentiel jusqu’à leur destruction.
Y.D.
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