Les dessins donnent envie. Un vaste espace bien agencé, avec des food-trucks, un système d’évacuation des eaux de pluie, une billetterie et un espace informations. Le tout desservi par le futur réseau Caribus.
Présenté par le cabinet conseil de Suez, le projet de “pôle d’échanges multimodal de Mamoudzou”, autrement dit, la future gare maritime, se veut “un maillon du projet d’ensemble d’amélioration du cadre de vie urbain” et “une réponse à l’engorgement des axes routiers”.
Pourquoi un ensemble ? Parce que ce projet porté par le Conseil Départemental doit être complémentaire du réseau Caribus de la Cadéma, et du projet de liaisons maritimes vers le sud et le nord. La gare maritime de Mamoudzou sera, si elle est développée telle qu’elle a été présentée, au cœur de ces dispositifs.
Le principe, c’est, pour 18,3 millions d’euros, de métamorphoser le pourtour de la barge. Autour d’un marché couvert conservé mais plus lumineux, une gare routière répondant aux normes portuaires, un arrêt de bus, des camions-restaurants ou “food-trucks”. Avec une zone d’attente de 600m² pour les piétons, 2 voies pour les véhicules légers et lourds et une éloignée pour les transports de matière dangereuses. Avec un carrefour à feu pour fluidifier la circulation sur la RN1 attenante. Avec un système de récupération des eaux de pluies et un cadre verdoyant planté d’espèces indigènes, tout semble avoir été pensé.
Mais des questions demeurent en suspens. Quid des mama brochettis, installées derrière la barge ? La réglementation interdit la restauration sur un site portuaire. “On a rencontré les brochettis lundi, c’est notre préoccupation majeure, explique Hakim Madi, chef de service en charge des transports publics au Département. C’est soit la gare, soit les brochettis, et eux souhaitent que le projet se fasse. On cherche des sites pour les replacer. D’ici la fin de l’année il y aura des solutions” assure-t-il.
Certains de ces vétérans de la restauration du marché couvert pourront toujours se former, investir et s’installer dans un des food-trucks, mais il ne devrait y en avoir que 5, contre 20 stands de brochetti actuellement.
Quid ensuite du parking, en cours de travaux ? Il n’y en aura simplement plus, pour “inciter” à l’usage de Caribus, indique le Département. Seul un petit parking subsistera et sera réservé aux employés du STM et aux commerçants. Les vastes travaux en cours ne sont donc que temporaires, d’ici 2020, ils laisseraient place à d’autres aménagements.
Et que dire des portiques récemment installés de part et d’autre des quais de la barge ? Le Département évoque un “investissement temporaire” et le cabinet d’étude, une “utilisation pendant un à deux ans”. Du bout des lèvres est évoquée la possibilité de les “réutiliser si possible” dans les futures structures.
Toujours est-il que le projet devrait générer de nombreux emplois, y compris en insertion, et donner enfin aux arrivants sur Grande Terre l’impression d’être sur un département français.
Peut-être que la fin des brochettis et du parking seront compensés par la fin des vastes mares à enjamber valise sur la tête, des vendeurs à la sauvette et de l’anarchique ballet des voitures au carrefour.
Si le calendrier est respecté, les travaux pourraient durer de 2020 à 2022.
Y.D.