La colère semble également être un plat qui se mange froid, si l’on en croit la motion déposée par Fatimatie Razafinatoandro, conseillère départementale présidente du Comité départemental de Tourisme (CDTM). Elle revenait sur les multiples incidents qui ont perturbé au début du mois de mars, les liaisons aériennes depuis et vers Mayotte.
Pannes électroniques, demi-tour en pleine nuit, foudroiement… les appareils ont été fréquemment immobilisés début mars, et si la compagnie a aussi joué de malchance, la fragilité de la desserte a été mise en évidence avec un point d’orgue : ce vendredi 1er mars d’immobilisation d’un B737 à Pamandzi, en raison d’une panne hydraulique, et en attente d’une pièce… qu’aucun autre avion ne pouvait livrer étant tous arrêtés pour des problèmes divers. Nous avions alors évoqué « l’isolement de Mayotte ». Pour Fatimatie Razafinatoandro, « nous payons le prix fort du monopole d’Air Austral, et sa politique tarifaire sans limite. Le ciel mahorais est-il une propriété d’Air Austral ?! ». Mais pas seulement, puisqu’elle pointe aussi la responsabilité de la DGAC, la Direction Générale de l’Aviation Civile.
« Toute demande de desserte de longs courriers reçoit une réponse négative de la DGAC », constate-t-elle, en soupçonnant une entente avec la compagnie réunionnaise. Un argument qui avait pris naissance lors du débat public, où on sentait une DGAC très réticente, malgré un avis favorable du ministère des Transports en 2012 de poursuivre le projet.
Une liste de refus de la DGAC
Une courte piste qui contraint un peu plus la desserte puisque un A330 de XL Airways qui avait été affrété par Air Austral n’a pu y atterrir faute de qualification « es piste courte » de ses pilotes, toujours en mars dernier.
Pour étayer son propos, la présidente du CDTM arrive avec une liste de refus de la DGAC : « Le dernier en date est de cette année, et concerne la compagnie LAM Mozambique, sollicitée par le conseil départemental pour la desserte. Il y avait eu Air Mauritius l’année dernière en 2018, et Inter’Iles qui n’a pas reçu l’autorisation d’atterrir à Dzaoudzi et à Pierrefonds avec son Airbus, a du déposer le bilan. »
Malgré l’exiguïté du territoire, elle rappelle la croissance du nombre de passagers de 5% par an, « malgré les problèmes de logistiques, l’aéroport de Pamandzi se situe au 33ème rang français avec 385.000 passagers en 2017. »
Rendre public les rapports
En réponse à l’issue pourtant positive débat public, « l’Etat nous envoie ses missionnaires », elle accuse un blocage financier, et non écologique. Et en donne pour preuve les 500.000 euros de participation de l’Etat dans les lits d’arrêt, alors qu’Emmanuel Macron avait annoncé 14 millions d’euros lors du Grand Débat national avec les élus ultramarins. Comme nous l’avions révélé il y a plus d’un an, « les passagers devront payer ».
Pour trouver des solutions, les élus demandent à avoir accès aux nombreux rapports commandés par l’Etat sur cette desserte aérienne. Et appellent à « un engagement ferme du chef de l’Etat lors de sa visite à Mayotte en juin.
Avant de voter la motion, l’ancien président Zaïdani demandait qu’on n’en reste pas au stade des intentions, « l’Etat doit budgétiser les études complémentaires ».
La motion était adoptée à l’unanimité moins une voix, celle de Chihabouddine Ben Youssouf, qui voulait qu’on y adjoigne la réfection des routes.
Anne Perzo-Lafond