C’est un combat de 7 ans : SMR (SFR Mayotte) a rejoint en novembre 2018, l’Union économique et sociale (UES) du groupe national SFR. Elle et ses salariés, rejoignent la grande famille de la marque rouge, eux qui n’en avaient jusqu’à présent que l’emballage, et qui se sont donc battus our avoir mieux. « On nous expliquait que les spécificités mahoraises et la petitesse de la structure ne nous permettaient pas d’intégrer l’UES », nous explique Anrmy Bourhane, délégué CFDT chez SFR Mayotte.
Cette intégration permet désormais aux représentants syndicaux nationaux de passer la porte du siège du rond point El-Farouk, rebaptisé « rond-point SFR » du nom de l’opérateur historique de Mayotte. La CFDT étant le seul syndicat désormais représenté localement, Anrmy Bourhane a convié son délégué central, Frédéric Bourdelle, et la représentante du Comité d’entreprise central, Cécile Poirier. « Et demain, un représentant de Mayotte pourra siéger dans ces instances nationales », et s’asseoir à la même table que les représentants des 10.000 salariés du groupe.
Désormais, les salariés mahorais peuvent prétendre notamment à une harmonisation des salaires avec le national ou à une égalité homme-femme, « tous les sujets déclinés en NAO, les Négociations Annuelles Obligatoires, s’appliqueront sans discrimination à Mayotte », rapporte le syndicaliste mahorais.
Même directeur, mais traitement différencié
Mais avant même de parler égalité de traitement, il faut parler de combat contre les injustices subies par les salariés de Mayotte, pour Frédéric Bourdelle : « Lorsqu’un commercial touche à La Réunion 30 euros par mois sur l’utilisation de l’appareil de paiement automatisé des factures, à Mayotte, rien n’est versé. » En outre, l’écart de salaire est criant selon lui, « la moyenne des salaires est de 25.000 euros à Mayotte, elle est de 40.000 euros dans le reste du groupe ». Et l’absence de personnel de direction aux salaires plus élevés ne serait pas la seule explication. « Le pire, c’est que SFR Mayotte est une filiale à 100% de SFR Réunion, avec un directeur basé à La Réunion qui ne s’émeut pas de cette injustice ! »
Autre différentiel, à Mayotte, c’est la partie variable qui fait le salaire d’un commercial, « il ne touche que 1.200 euros de fixe », quand partout ailleurs, le ratio est inversé, « le fixe représente 70% du salaire ».
Il estime à 2 ans le temps nécessaire à l’évolution totale vers les statuts collectifs nationaux. Et il faudra être vigilant, explique-t-il en citant un exemple : « Les œuvres sociales bénéficient de 1% de la masse salariale au national. Ici à Mayotte, de 14%, logique, puisque la masse salariale est moins importante. Et bien, pour commencer le rattrapage, la direction nationale voulait la réduire ici à 1%, sans augmenter la masse salariale ! »
Un signal fort
Pour l’instant, pas question de commencer le combat en demandant une direction propre à Mayotte, « nous sortons d’un Plan de départs volontaires national qui a vu fondre 30% des effectifs, et le groupe a du mal à relancer la machine. On ne va donc pas en rajouter, mais par contre, une Responsable des ressources humaines doit être détachée à Mayotte. »
Frédéric Bourdelle et Cécile Poirier évoquent une direction parisienne « à l’écoute », « mais nous avons besoin qu’un signal fort soit envoyé aux salariés sur ces inégalités sociales. Sinon, cela va mal se passer », ce qui en langage syndical se traduit en rapport de force.
Un comité central doit se tenir la semaine prochaine à Paris, « nous allons évoquer tout ça, et notamment le versement de la prime COSPAR, que SFR a repris à sa charge, mais qui n’est pas versée aux salariés mahorais » rapportent les représentants du syndical leader de l’UES, Mayotte sera donc bien placée pour se faire entendre.
En juin, se tiendront les élections des Comités social et économique (qui regroupe les ex Comités d’entreprise et les délégués du personnel). « Il y aura 7 CSE, un à La Réunion, un à Mayotte, et 5 en métropole, et le représentant de Mayotte et son suppléant siègeront à Paris. »
Et peut-être même qu’ils y défendront un jour des acquis pour leurs collègues réunionnais ?
Anne Perzo-Lafond