Sur le papier, c’est un projet ambitieux qui va changer le visage de la Cadema, la communauté d’agglomération de Dembéni et Mamoudzou. Caribus, ce n’est pas qu’un transport en commun, c’est aussi une refonte totale des habitudes de circulation. Exit les ronds-points, générateurs de bouchons, qui laisseront place à des carrefours à feux. Exit les tronçons à double-sens de circulation sans cesse saturés, qui verront apparaître une voie dédiée aux transports collectifs, et des voies à sens unique à Kawéni, puisque ce sera la première phase des travaux censés commencer début 2020.
Pour la CCI et la Cadema, il s’agissait ce vendredi de présenter aux entreprises le projet, son agenda et les options qui sont sur la table pour fluidifier la circulation. Mais en fait d’applaudissements, ce sont des inquiétudes qui ont fusé. “Ca va être une catastrophe pour l’économie, on n’a pas le temps de se retourner” s’inquiète un chef d’entreprise.
Le directeur de Sodifram fustige quant à lui un projet qui menacerait “le poumon de Mayotte”. “Passer à sens unique une rue à double sens, ça ne se fait pas sans dommage” estime-t-il, citant les 6 mois de travaux de la rue du commerce. Là il s’agira de deux ans et demi de travaux. “Autant arrêter notre activité pendant deux ans, ça nous coûtera peut-être moins cher” rebondit un autre entrepreneur.
“Pourquoi trifouiller l’existant au lieu de créer une nouvelle voie ?” reprend le patron de grande distribution, évoquant le projet de contournement de Mamoudzou.
Une option qui n’est pas une solution selon la Cadéma qui a calculé que moins de 10% des véhicules qui traversent Mamoudzou le font sans s’y arrêter. Créer un contournement pourrait donc au contraire pénaliser durablement le commerce.
“Une des solutions aurait été d’offrir du foncier ailleurs pour qu’on puisse déménager” suggère un autre entrepreneur qui estime que la communauté de commune a “mis la charrue avant les boeufs”.
Le chantier le plus périlleux sera sans doute celui de la communication. Car si le projet peut apporter beaucoup à l’agglomération, Mayotte ne peut se permettre d’achever des entreprises qui peinent déjà à se relever des crises passées. La voie de la discussion elle, est déjà embouteillée.
Y.D.