Plus de 80% des policiers municipaux français sont armés, et 40% sont équipés d’armes à feu selon le site emploipublic.fr. A la liste des communes disposant d’un service de police municipale armé, on va pouvoir rajouter Mamoudzou.
Contrairement à la police nationale, la législation n’est pas stricte pour la municipale, puisqu’elle laisse le champ libre de cette décision aux maires. Or, sur le plan national, tous n’étaient pas favorables à cette évolution au départ, indiquant avant tout le rôle de proximité de leur police municipale. Il ne s’agirait pas de tomber dans la psychose américaine de l’hyper armement.
Mais lorsque les attentats islamistes ont frappé en 2015, notamment des policiers, les syndicats de policiers municipaux ont réclamé le droit d’être armés.
C’est en bonne voie à Mamoudzou, où sur les 37 policiers municipaux, 10 ont été formés à l’usage du pistolet semi-automatique, « ils assurent tous une fonction d’encadrement », rapporte Jean-Luc Chailan, à la tête de la Direction de la Prévention de la Sécurité urbaine, qui a participé à rénover la Police municipale de Mamoudzou.
Ils ont suivi une formation de 45 heures d’appropriation de l’arme, qui passe par sa manipulation et les tirs, après deux jours de module juridique, « qui portait sur tout ce qui relève du code de sécurité intérieure, notamment sur l’usage de l’arme uniquement en cas de légitime défense. »
Des armes sous surveillance
Deux moniteurs en maniement des armes sont venus de La Réunion, Bernard Mussard et David Charlot, qui avaient déjà assuré en avril 2018 une formation LBD, Lanceur Balle de Défense, le flash-ball : « Après cette formation de 45h, les policiers devront respecter au moins deux séances de 3h de tirs de 50 cartouches minimum dans l’année pour conserver leur permis ». Ils se disent « satisfaits » de cette formation, « même si au départ, on a noté beaucoup d’appréhension vis à vis de l’arme à feu, ils ont fait preuve d’une grande dextérité ensuite. »
A l’heure de nettoyer et de ranger les armes, on entend quelques soupirs, « j’ai essayé de décharger, mais ça m’a pété un ongle ! », râle l’un d’entre eux, nécessitant qu’un des moniteurs réexplique la bonne prise en main de l’arme.
Pour Anfane M’Dogo, qui dirige la police municipale de Mamoudzou, cet armement n’est pas tant destinée à assurer leur sécurité, « c’est plutôt pour protéger la population ». Il ne s’en cache pas, c’est une responsabilité pour lui : « Autant sur le terrain qu’à l’intérieur de nos locaux, car les armes doivent rester stockées dans une armoire forte et surveillée. » Quant à l’utilisation de l’arme par un des ses agents, « ça relève de sa seule responsabilité, il doit prouver la légitime défense, donc que sa vie était menacée. »
Blanc seing du préfet
Il explique néanmoins que jusqu’à présent, et bien qu’armés de flashballs, ils n’ont jamais eu besoin de s’en servir, « je touche du bois ! Nous avons seulement utilisé le bâton de défense télescopique. »
Une formation validée par le CNFPT, mais qui ne leur octroie pas automatiquement l’autorisation de port d’arme, « seul le préfet peut le délivrer », indique Jean-Luc Chailan.
Dans la circulaire du 23 juillet 2016, le ministre Bernard Cazeneuve écrivait que « les préfets ne sont plus fondés à refuser une autorisation de port d’arme au seul motif des circonstances locales que constituent, par exemple, le niveau de délinquance, l’importance de la commune, ou encore la nature des interventions de la police municipale de cette commune. » Ils doivent par contre vérifier « scrupuleusement » par une enquête administrative, la compatibilité du comportement des agents avec le port d’une arme.
Pour Anfane M’dogo, il s’agit de la suite logique de la montée en compétence de la Police municipale de Mamoudzou, avec le coût que cela suppose : « Nous suivons beaucoup de formation. En 2018, ont été mises en place les brigades motos et cynophiles, avec la chance d’avoir une municipalité qui nous suit dans cette dynamique. Mamoudzou en tant que capitale doit avoir une police qui est le fer de lance pour les autres communes, que ce soit administrativement ou sur la voie publique. »
Anne Perzo-Lafond
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