Face aux difficultés récurrentes rencontrées au port de Longoni, le Département souhaite depuis quelques mois rompre la Délégation de Service public octroyée depuis 2013 à Ida Nel et sa société Mayotte Channel Gateway (MCG). Mais difficile de le faire proprement de la part d’un conseil départemental qui n’a lui-même pas géré dans les clous, avec notamment des conseils portuaires non tenus par le passé.
Le président Soibahadine a donc décidé de s’en remettre à l’Etat, et de demander que Mayotte, comme plusieurs autres ports français, bascule en Grand Port Maritime. Le point est inscrit noir sur blanc dans la proposition de loi écrite par le sénateur Thani Mohamed, et selon nos échos depuis Paris, au plus haut sommet de l’Etat, on serait enclin enfin à se pencher sur ce statut, après bien des missions ayant donné un avis contraire.
Mais auparavant, le président Macron l’a lui même demandé au président Soibahadine lors de la rencontre médiatisée du Grand débat à l’Elysée avec les élus ultramarins : « Réglez vos contentieux d’abord. » Voilà pour les faits concrets.
Du côté des hypothèses, ce serait en cours, et ce n’est évidemment pas bien reçu du côté de MCG. Ida Nel attaque préfet et Sodifram sur sa page Facebook, évoquant des tractations en cours. Une reprise de la SMART – le manutentionnaire historique actuellement en redressement judiciaire qu’elle a contribué à torpiller – serait envisagée par le biais d’un rapprochement de la compagnie CMA-CGM et du groupe de distribution Sodifram. Le dernier étant le plus gros client du premier. Pour information, la CMA CGM est un armateur de porte-conteneurs français, qui outre le transport maritime, œuvre aussi dans la manutention…
Histoire de monopoles
Si la pilule passe mal, c’est que c’est en s’alliant avec CMA CGM qu’Ida Nel avait assuré l’avenir de sa propre société de manutention Manu-Port, qui s’était vue confier le chargement et le déchargement des containers du géant français.
Gestionnaire et manutentionnaire, MCG avait une assise quasiment monopolistique, elle qui dénonce maintenant le « super monopole de Sodifram », accusant « aucun secteur n’y échappe », « alimentaire, supermarchés, meubles, Intersport, vêtements magasins , sécurité, transport, informatique, matériel de construction- Musada , Fast food – Goodies, transitaire interne, climatisation ». Allant jusqu’à parler de « mainmise totale sur l’activité économique de l’île », un acte qu’elle attribue au préfet, « l’administration réalise une prise illégale d’intérêt et de favoritisme en créant un monstre qui contrôle toute l’économie locale avec un prix à fort préférentiel pour Sodifram sur toute la chaîne d’approvisionnement ». Nous avons contacté tous les protagonistes mentionnés, en obtenant une seule et même réponse, « nous ne souhaitons pas commenter ».
Selon nos informations, rien n’est encore fait, même si des négociations vont bon train depuis plusieurs semaines. Si cette évolution se concrétise, il est encore trop tôt pour se prononcer sur l’avenir des salariés de la SMART et de Manu Port, « ils seront licenciés » prédit Ida Nel, on peut malgré tout penser qu’ils pourraient être repris par la nouvelle entité.
A.P-L.
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