Si les thèmes se succèdent pour rythmer nos « années internationales de quelque-chose-dont-on-se-souvient-rarement », celle qui fut consacrée au corail en 2018 permettait de porter à la connaissance du grand public des données qui remontent parfois rarement à la surface.
Pour passer de la théorie à la pratique, plongeons donc avec Rémi Heuzey, caméraman-réalisateur-producteur, notamment pour le film « Océans », (il y a donc pire comme guide !), à la découverte des fonds, et même des grands fonds sous-marins. C’est ce que nous propose le Festival d’Images Sous-marine jusqu’à ce samedi.
Mercredi, le parvis de l’arrière de la place de la République, côté lagon, avait pris des allures de cinéma de plein air, avec un écran géant dressé au dessus d’un public venu nombreux pour découvrir « Une nuit sous la mer », de René Heuzey.
Pas toujours déphasant puisque beaucoup d’espèces se retrouvent dans notre lagon, il révèle à chaque séquence des pans de vie animales et végétales inédites. Si le gobie est connu de tous, rares sont ceux qui ont eu l’occasion de le voir ingéré en totalité, après paralysie, par le cône de mer et son redoutable venin assassin. Vous n’aurez jamais vu non plus l’anguille des grands fonds, sans œil, mais au grand cœur, puisqu’elle en possède quatre !
« Trois jours après la pleine lune »
Si l’année 2018 a permis de nous rappeler combien les récifs coralliens sont menacés, elle a aussi mis l’accent sur une particularité de ces organismes vivants : leur reproduction. Sur laquelle revient René Heuzey dans son film, puis au micro ensuite : « Une seule fois dans l’année, et au cours de quelques heures seulement, tous les coraux d’une même espèce se synchronisent et libèrent leur ponte. Et dans plusieurs pays, ce phénomène a été observé à chaque fois trois jours après la pleine lune. »
Il se produirait en octobre à Mayotte. Dans l’assistance, Frédéric Ducarme, Biologiste marin auprès du Museum National d’Histoire Naturel de Paris, qui a publié une thèse en Ecologie et gestion de la Biodiversité, portant notamment sur les écosystèmes coralliens. S’il n’a encore jamais observé le phénomène à Mayotte, il nous décrit la ponte des coraux aux Maldives : « Elle suit le cycle de la lune, et a lieu en général quelques jours après qu’elle soit pleine. Quand l’espèce dominante commence à émettre des gamètes, cela peut donner lieu à une ponte géante. La teinte de la mer vire alors au rose, avec une écume persistante sur les bords de plage. Les touristes apprécient diversement ce phénomène, même si on a aussi vu certains touristes asiatiques se rouler dedans avec joie ! »
Chaude ambiance pour la reproduction
A Mayotte, 400 espèces de coraux ont été répertoriées, « elles ne pondent pas le même jour, il n’y a pas de mélange. Chaque polype produit un œuf et une grosse quantité de sperme, pour assurer la fécondation. La larve, la ‘planula’, ressemble ensuite à une micro méduse. » Et si elles sont emmenées par les courants marins, « elles peuvent parfois dériver sur des centaines de kilomètres », elles ne perdent pas le nord pour autant, « elles ne vont pas se fixer sur des zones qui leur sont néfastes. Elles parviennent à se diriger, et s’arrêtent sur un site favorable pour se fixer. » Certains cherchent la communauté, d’autres non : « Ce sont les espèces pionnières. On en retrouve par exemple à Mayotte sur l’épave de la goélette Dwyn wen, son mât est entièrement colonisé. »
Partout dans le monde, il semblerait que ces pontes s’effectuent toujours 3 à 4 jours après la pleine lune, en début de saison chaude. René Heuzey rapportait une anecdote à ce propos : « En Australie, nous nous apprêtions à plonger pour contempler le phénomène en présence d’observateurs venus du monde entier pour l’occasion, mais rien ne s’est produit : la température de l’eau avait chuté de 2 degrés, ce qui avait bloqué la ponte ! »
L’influence de la lune serait conjuguée à celle du soleil, selon le site Futura-sciences.com, qui décrit le phénomène aux Iles Vierges. « Le soir de Pleine Lune, la lumière est bleue au moment du coucher du soleil, puis rougeoie faiblement mais rapidement dès que la lune apparaît. Le même phénomène se produit les jours suivants, mais le délai entre le coucher du soleil et l’apparition de la lune grandit, rallongeant la durée de l’heure bleue. Observés simultanément, les coraux ont largué leurs gamètes au cours de la troisième et quatrième nuit suivant la Pleine Lune. »
Une connaissance à approfondir donc à Mayotte.
Ce samedi, les projections vont commencer dès 18h30, avec films et photos en concours, puis à 20h30, « Planète bleue ». Lire Festival Image sous marine programme2 volets FISM 2019 HD
Anne Perzo-Lafond
“L’Afrique bleue” au programme ce samedi 18h30 sur la place de la République
A l’occasion du festival de l’image sous-marine de Mayotte 2019, est annoncée la diffusion du premier numéro d’une série sur le lagon de Mayotte. Après avoir été un livre, Mayotte l’Afrique Bleue, Marc Allaria explique que le titre recouvrira désormais une série de reportages dont le numéro 1 sera à l’affiche de la séance de Samedi 18h30 sur la place de la république, consacré aux Raies Mantas de Mayotte.
“Une série de tournages nous a permis de recueillir des images superbes pour confectionner un reportage de 17 minutes présentant le rythme de vie de ces géantes, leur habitude alimentaires, les techniques d’identification utilisées pour les répertorier. Vues par drone, vues sous-marine, interview, tout y est, ne ratez pas cette première diffusion publique!”
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