Mayotte, « territoire le plus jeune de France, territoire au stade de bourgeon, et qui demande à éclore », rapportait Saïd Omar Oili, le président de l’Association des maires de Mayotte (AMM), dans son discours au Printemps des Territoires à Paris. Le maire de Dzaoudzi Labattoir y représentait les outre-mer aux côtés de la ministre Annick Girardin.
Émanation de la Caisse des Dépôts et Consignation, « pour mieux servir les clients dans les territoires », la Banque des Territoires lançait ce jeudi 6 juin sa seconde édition du « Printemps des Territoires ». L’événement réunit experts, élus, patrons de grandes entreprises, personnalités influentes autour des principaux enjeux et problématiques des différents territoires français. L’événement vise à « construire ensemble les territoires de demain et apporter des solutions concrètes pour le financement de tous les projets ».
Après l’introduction par Julien Denormandie, ministre auprès de la ministre de la Cohésion des territoires et des Relations avec les Collectivités Territoriales, chargé de la Ville et du Logement, se tenait la table ronde sur le thème de la priorité au logement, suivie de plusieurs intervenants de différents horizons, avec comme ultramarin, Saïd Omar Oili.
D’emblée, il appelait à ne pas se comporter en « banque qui ne prête qu’aux riches », face à des collectivités mahoraises « très peu endettées », mais « pauvres ». Utilisant 5 chiffres clés pour caractériser l’île, 44% de la population a moins de 15 ans, 6 logements sur 10 dépourvus de confort de base, 84% de la population sous le seuil de pauvreté, deuxième région la plus dense avec 555 hab/km2, et même 3.000 hab/km2 en Petite Terre, l’élu appelait à relever les défis d’une population qui allait de nouveau doubler « d’ici 20 ans ».
« Pas d’église centrale, mais des mosquées dispersées »
Cet écart de latitude avec la métropole ne se traduit pas seulement par une différence de saison, mais aussi par des spécificités que la Banque des Territoires devra prendre en compte : à la place des centre-ville désertifiés, ils sont densifiés à Mayotte, « chez nous pas de centre-ville avec sa place de l’église et sa boulangerie, mais des mosquées dispersées dans tous les quartiers ou villages », pas de banlieues pavillonnaires, mais un urbanisme « métissé nourri des influences multiples venant d’Afrique, du Moyen-Orient, d’Asie et d’Europe ». En conséquence, il faut à Mayotte des « habits taillés sur mesure et pas du prêt-à-porter », source « d’échec des politiques publiques nationales sur notre île depuis 20 ans. »
Les besoins sont concrets et de base, puisqu’il faut « loger, soigner, former, nourrir, approvisionner en eau et en énergies propres, offrir des loisirs culturels et sportifs pour u e population d’un demi-million d’habitants. » Un financement sur lequel est attendu donc la CDC à travers sa filiale, et qui doit s’accompagner de co-construction pour Saïd Omar Oili, et ne pas seulement importer des savoir-faire.
Pour reprendre les paraboles printanières, faire éclore la fleur Mayotte nécessite d’avoir des financeurs « qui soient proches de nous, qui sachent nous écouter, nous faire confiance », concluait le maire.
A.P-L.
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