Annick Girardin, Ministre des Outre-mer, et Rémy Rioux, Directeur général de l’Agence française de développement, ont présenté ce jeudi, au ministère, l’activité de l’AFD dans les Outre-mer pour l’année 2018. En 2018, les engagements financiers de l’AFD dans les Outre-mer ont atteint 1,4 Md€, soit 12 % de l’activité totale du Groupe AFD.
Dans le concert de développement ultramarin, Mayotte a connu un frein considérable début 2018, mais qui consistait notamment pour le mouvement social à dénoncer le déficit d’investissements structurels sur le territoire. Ainsi, le territoire a connu une dynamique de reprise ensuite, au deuxième semestre 2018, « permettant une hausse de l’investissement et une nette progression de l’activité de l’Agence dans tous les volets d’intervention », rapporte le bilan. Dans cette géographie, les engagements de l’AFD ont ainsi significativement augmenté au cours des trois dernières années, passant de 38 millions d’euros en 2015 à 60 millions d’euros en 2018. Soit trois fois plus que la Guyane.
A La Réunion et en Polynésie française, la croissance économique a été boostée par l’attractivité touristique, l’accessibilité aérienne du territoire, la connectivité numérique ou encore la sécurisation de l’alimentation électrique. Alors que dans les Antilles, l’AFD s’est particulièrement illustrée dans le « déploiement de son offre d’appui-conseil auprès des collectivités ».
La logique de l’Océan prend le dessus
Une nouvelle organisation a été mise en place autour des « Trois Océans » « pour renforcer la coopération dans les bassins régionaux ». Un concept intéressant puisqu’il insère enfin le développement du territoire ultramarin dans son environnement régional.
Ainsi, trois nouveaux pôles d’intervention ont été constitués et rassemblent désormais les territoires ultramarins et les Etats étrangers, au sein des océans Atlantique, Indien et Pacifique. « La création du département Trois Océans porte l’ambition d’une meilleure insertion régionale des départements et collectivités d’outre-mer et de leurs acteurs dans les bassins régionaux. »
Cette insertion régionale permet d’analyser les vulnérabilités aux frontières et d’envisager les projets à plus grande échelle, de proposer un appui aux dynamiques régionales telles que celles relatives à l’enseignement supérieur, la formation professionnelle ou la santé, de prévenir et endiguer les fragilités transfrontalières de nature environnementale, sanitaire, sécuritaire, climatique, etc, et de lister les thématiques et activités communes aux pays et territoires des Trois Océans afin d’accompagner le développement des entreprises ultramarines et étrangères, ainsi que l’expertise française, sur des filières économiques porteuses.
Afin de piloter cette nouvelle organisation, le département Trois Océans a vu le jour au siège de l’AFD et une direction régionale a été mise en place dans chacun des bassins d’intervention.
La moitié de l’accompagnement vers le privé
En 2018, le secteur public demeure le principal bénéficiaire des activités de l’AFD dans les Outre-mer : « 51 % des activités ultramarines du Groupe ont été consacrés au financement de projets publics pour un total de 696 millions d’euros.
Différents outils ont vu le jour : le PSP-Vert, prêt à taux zéro pour des projets environnementaux, initialement réservé aux pays et territoire d’Outre-mer du Pacifique, a été étendu à l’ensemble des territoires ultramarins en 2018, et le ministère des Outre-mer a également octroyé deux nouvelles subventions de 2 millions d’euros chacune, une subvention pour le déploiement du volet assistance à maîtrise d’ouvrage de l’équivalent Fonds vert dans les DOM et à Saint-Martin, une seconde subvention pour la mise en œuvre d’une assistance à maîtrise d’ouvrage (AMO) au bénéfice des opérations de reconstruction de la Collectivité de Saint-Martin suite au passage du cyclone Irma ainsi que pour la réalisation d’investissements structurants dans les DOM.
Autre axe intéressant, l’appui de l’AFD aux communes en terme de compétence de gestion. L’Agence a augmenté significativement ses missions d’appui conseil et technique : l’année 2018 a vu la réalisation de 172 analyses financières, 103 restitutions d’analyses auprès des collectivités et établissements publics, 37 projets de financement appuyés par des experts AFD et 19 accords de partenariats conclus en 2018.
Les énergies renouvelables en forte progression
En ce qui concerne le secteur privé, en 2018, l’accompagnement de l’AFD reste stable. Avec un total de 660 M€, le financement du secteur privé représente 49 % de l’activité globale – contre 45 % l’an passé. Ce résultat reflète une augmentation du refinancement du secteur bancaire à hauteur de 50 M€ sur l’activité propre de l’AFD.
Le financement des projets d’énergies renouvelables connait une forte progression. Au total, sur la période 2012-2018, 23 projets ont été financés pour un total de 231 M€. 42 % de ces engagements ont permis de financer des infrastructures de production d’énergie solaire, 25 % de l’éolien, 23 % de la biomasse, 7% à la production de biocarburant, et 1% pour de l’hydroélectricité.
L’AFD déploie également des programmes de recherche liés aux défis du développement durable dans les territoires d’Outre-mer. Le 11 décembre 2019, l’AFD animera ainsi, aux côtés de l’INSEE, de l’IRD et des Instituts d’émission (IEDOM, IEOM), la sixième édition des conférences CEROM. La conférence portera sur la recherche et l’innovation au service du développement durable ultramarin. Elle rassemblera les acteurs du monde de la recherche, du secteur privé et de la société civile afin de proposer des politiques publiques et des dispositifs incitatifs en faveur de l’innovation.
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