132 artisans, représentant 26 chambres d’artisanat de Madagascar, des Comores et celle de Mayotte, qui reçoivent chaque année près de 100 000 visiteurs. Le salon de l’artisanat qui s’est ouvert ce mardi est le plus gros de France mais aussi de la région. Avec de telles proportions, la première édition de 2013, avec ses 43 artisans et 4500 visiteurs, semble déjà bien loin. Et celle de l’année dernière, marquée par la crise diplomatique avec les Comores qui avait empêché des dizaines de commerçants d’obtenir un visa, n’est déjà plus qu’un mauvais souvenir.
Néanmoins sur les 200 artisans attendus, 65 n’ont cette année encore pas pu passer la frontière, principalement à cause de problèmes administratifs à Madagascar.
Au fil des années, cette création portée par la chambre des métiers de l’artisanat de Mayotte et cofinancée par le Conseil Départemental est devenue une référence chez nos voisins. Chaque artisan débourse plus de 1000 à 2000€ pour venir à Mamoudzou, où se réalise souvent le plus gros chiffre d’affaire de l’année. Qu’il s’agisse de productions en bois, en tissus ou en métal, ou d’art culinaire, le salon international de l’artisanat est aussi pour les habitants de Mayotte une occasion rêvée de découvrir le savoir-faire de la région, et de faire des emplettes. La date, juste avant les vacances de juillet, est d’ailleurs issue d’un choix stratégique : les départs en métropole ne sont-ils pas l’occasion de rapporter des souvenirs à ses proches ?
Excellence locale
Mais si le savoir-faire de la zone est mis en avant, le salon est, aussi, l’occasion de valoriser celui de Mayotte. Lundi, avant l’ouverture officielle ce mardi, le salon a souhaité promouvoir la brique de terre traditionnelle.
Le défilé de mode de vendredi est quant à lui à mettre en parallèle avec un gros projet de la CMA : la création prochaine d’une école régionale des métiers de la mode, ici à Mayotte. La première promo devrait voir le jour en janvier, avec un CAP couture. Stylisme, esthétique, cosmétique etc. suivront.
Une formation aux métiers cosmétiques, c’est aussi un espoir de reprise pour SMO Cosmétiques, l’entreprise familiale de Solange Mérot-Ouedraogo, une Burkinabé qui a créé sa boîte à Mamoudzou il y a cinq ans, et qui est devenue une référence en la matière.
Souvent présente au marché de Coconi, elle voulait à l’origine importer des produits à base de beurre de Karité depuis le Burkina-Faso, avant d’importer plutôt son savoir-faire, et travailler avec des produits locaux. SMO était né. Cinq ans plus tard, l’entrepreneure écoule comme des petits pains : savons, shampoing en barre, huiles essentielles ou de massage. Mais comme sonne l’heure de la retraite, Solange va quitter Mayotte. Des discussions sont donc en cours pour sauver son activité. “J’espère que ça sera repris, ce serait dommage” sourit-elle.
Y.D.