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vendredi 22 novembre 2024
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Travail dissimulé : “chacun est bien content d’avoir son Comorien”

Phrase choc après phrase choc, un procès de travail dissimulé a cristallisé les problématiques liées à l'immigration clandestine ce mercredi au tribunal de Mamoudzou. Trois Comoriens sur un chantier n'étaient pas déclarés, et l'un d'eux, même pas payé.

Il y a les faits, et il y a le contexte. Les faits, c’est un contrôle mené sur Petite Terre, à Pamandzi, le 25 juin 2018. Trois ouvriers s’affèrent sur un mur d’enceinte. Deux sont en situation régulière, le troisième, non. Deux sont payés, 1500€ pour deux semaines de travail. Le troisième affirme n’avoir en rétribution que le gîte et le couvert. Deux promettent qu’ils ont des fiches de paye mais chez eux. Aucun n’a été en mesure de les présenter jusqu’au procès un an après.
Le contexte, c’est celui d’un mois de juin qui succède à une longue crise sociale, aux barrages, aux manifs, et qui coïncide avec le blocage de la préfecture pour dénoncer l’immigration clandestine.
La propriétaire des lieux, présentée par son avocat Delamour Maba Dali comme “une illettrée” qui n’est jamais allée à l’école républicaine mais officie comme enseignante à l’école coranique, plaide la bonne foi. “C’est mon fils qui devait se charger des déclarations” affirme-t-elle. Pour les deux premiers ouvriers du moins. Pour le troisième, “il habite dans la même cour, et ne faisait qu’observer pour apprendre le métier de maçon” affirme l’avocat de la défense. Une position qui contraste avec la déposition du clandestin qui dit avoir été “nourri et logé en échange” du chantier.

“Une ambiguïté mortifère” pour Mayotte

Le procureur de la République Camille Miansoni

Pour le procureur Camille Miansoni, “c’est le drame. Tout le monde interpelle la justice, même le procureur, pour dire : ‘Cette immigration, on n’en peut plus. Faîtes quelque chose !’ Et pourtant chacun est bien content d’avoir son Comorien pour faire ses travaux. Il est temps que la société mahoraise sorte de cette ambiguïté mortifère”.
Selon le représentant du ministère public, il en va de l’avenir de Mayotte. “On ne pourra pas avancer sur le chemin d’une société fondée sur le droit si on ne respecte pas les règles élémentaires et si on manifeste contre un système qu’on nourrit !”

Le procureur réclamait 5000€ d’amende dont 1000 ferme, fidèle à sa doctrine visant à frapper au portefeuille ceux qui profitent de l’immigration clandestine. Le tribunal a été à peine plus clément : 4000€ avec sursis simple, qui seront révoqués en cas de récidive dans les cinq ans.

Y.D.

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