“Plage poubelle”, c’est ainsi qu’en se promenant, cet habitant a renommé la plage Plaisance de Mzouazia. Une bien triste promotion pour ce site paradisiaque. S’il est si sévère, c’est qu’il est rongé de colère, à mesure que les plages sont rongées par les détritus.
“Je suis un habitant du sud de Mayotte, qui aime marcher, en particulier à la plage. Je suis exaspéré par l’état des plages et des bords de route. Faire des voulés c’est très bien, j’en fait régulièrement, mais laisser les canettes vides, les bouteilles vides, les sacs, papiers et barquettes sales sur les plages – sans oublier les savates et les vêtements de tout types, je ne comprends pas. Outre le problème écologique que cela pose, c’est sale, inconscient et inconséquent. C’est un peu comme faire ses besoins au milieu de la cuisine avant de préparer à manger… J’aime mon île, et je crois que beaucoup sont du même avis, mais j’aimerais que mon île reste propre et soit moins défigurée.”
Parmi les zones les plus touchées, celles qui sont prisées pour les voulés, dont les restes ne sont pas toujours récupérés à la fin. Habitué à sillonner les plages, cet habitant qui a souhaité rester anonyme dresse un triste bilan. “A Mzouazia c’est la plage “Plaisance”, que j’ai renommée “Poubelle” qui est la plus sale ! Sans oublier, à Mzouazia aussi, la mangrove, où les palétuviers sont recouverts de sacs plastiques”
Une dégradation qui s’est faite d’année en année, jusqu’à atteindre un point de saturation. “Je ne peux pas vraiment dire s’il y a eu un changement rapide, je dirais plutôt un laisser aller sur plusieurs années. A ma connaissance il y a toujours eu des détritus sur les bords des routes et les plages…. Donc ce n’est pas nouveau, mais un “je m’en foutisme” plus important s’est installé depuis 4 ou 5 ans je dirais…” déplore ce résident.
Ses observations mettent en lumière une ineptie que l’on voit sur d’autres plages de Mayotte. Des “vouléistes” ont la bonne idée de prévoir des sacs poubelle, et d’y mettre (au moins en partie) leurs déchets. Mais ceux-ni sont laissés sur place. “Mettre en sac et laisser sur place, à un endroit isolé et inaccessible par les camions éboueurs c’est aussi quelque chose que je voulais dénoncer” poursuit l’habitant excédé, qui n’a pas assez de ses deux bras pour tout ramasser en une promenade.
Dans sa démarche, le Mahorais ne veut pas seulement râler, mais il espère une prise de conscience, un électrochoc. En substance, le ramassage et la valorisation des déchets ne peut se faire qu’avec un petit effort de chaque usager. C’est vrai dans le sud, comme partout ailleurs où le problème est rencontré.
Y.D.