Plusieurs mois d’enquête ont été nécessaires à la BMR, la brigade mobile de recherche, pour en arriver à ce gros procès. Le service d’enquête de la police aux frontière a démantelé un réseau de passeurs basé sur Petite Terre. Le chef présumé de ce réseau avait été libéré le 4 juin dernier à l’issue d’une première audience dans le cadre de la nouvelle procédure de comparution différée. Les juges ignoraient alors qu’ils avaient le droit de le garder en détention pour deux mois supplémentaires, et avaient renvoyé l’affaire sans l’incarcérer. Depuis l’homme en a profité pour prendre la fuite, il était lundi le seul prévenu absent à la barre.
C’est que les faits reprochés sont graves, et passibles de 10 ans d’emprisonnement. C’est d’ailleurs la peine réclamée à l’encontre du fuyard par le parquet. En novembre 2015, un kwassa avait chaviré entre Anjouan et Mayotte, causant la mort d’au moins quatre personnes dont le pilote. Selon le parquet, il y avait plutôt sept passagers qui auraient perdu la vie. Lors du naufrage, le pilote aurait prévenu son chef qui aurait refusé de prévenir les secours, condamnant tous les passagers. Parmi les parties civiles figuraient d’ailleurs les enfants du pilote, mort ce jour là. Ces derniers ont été déboutés de leur demande d’indemnisation.
Néanmoins, le procureur a annoncé son intention d’interjeter appel du jugement, estimé trop léger au regard des réquisitions et du nombre de victimes. En effet, les trois autres prévenus du réseau ont écopé de peines allant de 7 mois avec sursis à 1 an ferme aménageable. Les 3 ans ferme décernés à l’encontre du chef présumé sont loin des 10 années réclamées. Un nouveau procès aura donc lieu en appel. D’ici là, le principal mis en cause, jugé coupable de trois homicides involontaires, d’aide à l’entrée et au séjour d’étrangers en situation irrégulière en bande organisée mais relaxé de la non assistance à personne en danger, fait l’objet d’un mandat d’arrêt.
Y.D.