Alors que Mayotte était touchée samedi par le drame qui a couté la vie à un jeune de 19 ans, en métropole un scénario similaire se déroulait à Villeurbanne, un jeune du même âge tombait sous des coups de couteau qui lui étaient portés dans la rue, plusieurs passants étaient blessés. Deux décès de jeunes en pleine force de l’âge qui doit donner crédit à ce que demande la population mahoraise : ne pas tomber dans une fatalité de délinquance telle que la connaît la métropole.
L’enquête est en cours pour déterminer les causes de la rixe mortelle à Mayotte, mais déjà des voix s’élèvent pour condamner le contexte. Notons que si le préfet et le vice-recteur ont aussitôt réagi pour s’associer à la douleur de la famille et prendre des mesures, nous n’avons pas reçu de communiqué du Département.
Le président de l’UDAF (Union départementale des Associations Familiales), Ali Nizary et son équipe, « apportent tout leur soutien à la famille et à l’ensemble de la communauté éducative » et demandent aux autorités de « prendre très au sérieux la question de la sécurité dans et aux abords de l’ensemble des établissements scolaires du département ». L’institution familiale espère que les auteurs de cet acte sauvage seront identifiés assez rapidement et condamnés sévèrement.
« Nos écoles ne sont pas des Centres Éducatifs Fermés »
Les mesures sécuritaires, mise en place depuis l’année dernière n’auront pas pu éviter ce drame survenu lors d’une bagarre entre bandes. Le Collectif des citoyens de Mayotte de son côté, accuse le gouvernement de ne pas en faire assez, « nous constatons l’échec du discours gouvernemental et de ses mesures en trompe l’œil qui se concentrent sur la construction de nouvelles écoles au lieu de protéger nos enfants ». (Lire COMMUNIQUE Collectif des Citoyens de Mayotte DU 1er Septembre 2019)
Le Centre Educatif Renforcé vient juste d’être inauguré, rappelons qu’il était demandé depuis plusieurs années comme une urgence par les magistrats du territoire. Le Collectif met donc le doigt sur une défaillance : « Nos écoles ne sont ni des Centres Educatifs Fermés accueillants des mineurs délinquants multirécidivistes, ni des champs de bataille (…) Mayotte n’a pas les structures adaptées pour accueillir les jeunes violents et les rééduquer ». Et demande que les délinquants de nationalité comorienne « soient pris en charge dans les établissements spécialisés à la Réunion et en Métropole ».
Par ailleurs, le Collectif demande audience au vice-recteur Gilles Halbout, pour évoquer plusieurs sujets de rentrée.
Revenant sur les motivations des mahorais de demeurer sous la protection de la République française, le collectif des citoyens de Mayotte évoque la volonté de « garantir un avenir meilleur aux prochaines générations en leur permettant d’accéder à l’éducation », en ayant « la foi absolue en l’éducation républicaine émancipatrice, en cette confiance placée en l’école pour nous donner les clés du savoir et de la réussite. »
Des jeunes toujours en attente de scolarisation
Or, le compte n’y est pas, rappellent-ils, notamment après avoir été saisis par la Confédération Syndicale des Familles de Mayotte : « Plusieurs centaines de jeunes ne sont toujours pas inscrits à ce jour et cela constitue une rupture d’égalité dont l’école républicaine est garante (…), personne ne peut dire à un enfant ‘tu apprendras un autre jour, à la Rentrée prochaine, quand l’Administration te trouvera une place’. Le Savoir n’attend pas! »
Ils appellent également Gilles Halbout à donner suite à leur courrier portant sur le film de 14 minutes produit par le lycée de Mamoudzou Nord « qui porte une message de haine anti-mahorais ».
Enfin, une réponse est attendue sur les risques pour la sécurité induits par les séismes sur la structure des établissements.
En concluant par une citation extraite de l’œuvre de Jules Ferry, « De l’égalité d’éducation » : « L’inégalité d’éducation est, en effet, un des résultats les plus criants et les plus fâcheux, au point de vue social, du hasard de la naissance. Avec l’inégalité d’éducation, je vous défie d’avoir jamais l’égalité des droits, non l’égalité théorique, mais l’égalité réelle, et l’égalité des droits est pourtant le fond même et l’essence de la démocratie. »
Anne Perzo-Lafond
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