Des moyens exceptionnels ont été mis en oeuvre à la demande du parquet pour obtenir des résultats rapides dans l’affaire du jeune tué samedi matin à Sada.
A l’issue d’une journée d’auditions devant le juge d’instruction, quatre suspects, tous mineurs, ont été mis en examen du chef d’assassinat. L’un d’eux a été envoyé en centre éducatif fermé à La Réunion. Deux autres placés en détention provisoire et le troisième dort en prison en attendant que le juge des libertés et de la détention ne se prononce sur son cas en fin de semaine. Mardi soir et ce mercredi matin, deux autres mineurs ont été interpellés et placés en garde à vue. Selon les auditions, tous appartiendraient à un groupe de jeunes de Sada, la plupart y sont d’ailleurs nés.
Selon les éléments disponibles, le drame serait survenu suite à une rixe entre ce groupe, et une “bande” de Passamaïnty. Un premier affrontement a eu lieu vers 10h30 samedi matin. Les protagonistes se sont ensuite retirés, et ceux de Sada se sont repliés vers la plage où ils ont fait le plein de pierres, avant de revenir au contact. C’est lors de cette deuxième phase de rixe que la victime a été atteinte, vers 11h30. Deux heures plus tard, les secours prononçaient le décès du jeune homme de 19 ans.
Alors que son autopsie était en cours ce mercredi matin, un médecin ayant été mobilisé de Paris en urgence, les causes de la mort restent incertaines. Le garçon “a reçu des coups au ventre, au thorax et à la nuque” indique le procureur Camille Miansoni. Une sacoche remplie de galets a été récupérée sur les lieux ainsi que de nombreuses pierres. Les auditions ont révélé la présence sur place d’armes blanches, couteaux et tournevis. L’autopsie doit déterminer si de telles armes ont pu causer la mort de la victime.
L’assassinat retenu
Malgré ces éléments, “les motifs de l’agression restent assez flous” indique le procureur. “On évoque tantôt une rixe sur fond de vol, tantôt une provocation. L’instruction qui commence permettra peut-être de cerner les mobiles”. Les auditions révèlent aussi que “des mis-en-examen ne connaissaient même pas la victime” selon le procureur. Plusieurs ne semblent pas non plus avoir pris conscience de la gravité des faits ni des conséquences.
Reste qu’à ce stade de l’enquête, la préméditation est retenue, et l’intention de tuer, fortement suspectée. Ce qui a amené le juge d’instruction à retenir le chef d’assassinat (un meurtre prémédité), un crime passible de 30 ans de réclusion devant la Cour d’Assises des mineurs.
“Le fait qu’ils soient revenus après avoir ramassé des galets laisse supposer la préméditation (…) On recherche l’intention d’homicide dans les déclarations, explique le procureur, et dans l’acharnement, dans la façon dont ils accomplissent l’acte, on peut déceler l’intention d’homicide”. Un septième protagoniste présumé a été identifié grâce aux témoignages recueillis sur place, mais n’a pas encore été arrêté.
Conscient qu’il y a “toujours un risque de représailles” le parquet indique par ailleurs que “des mesures de sécurisation exceptionnelles ont été prises” pour protéger les abords des collèges et lycées. Il indique toutefois qu’il y a “une responsabilité des proches”, notamment des parents, dans la prévention de telles actions.
Y.D.