En faire une cause nationale en 2013, aura permis de booster ce handicap qu’est l’illettrisme. A Mayotte, 58% de la population est touchée par ce fléau, et l’on compte 39% d’analphabète. La première notion se définit par un déficit de maitrise de la lecture, de l’écriture, du calcul, qui empêche ces personnes d’être autonomes sur des situations simples de la vie quotidienne. L’analphabétisme caractérise l’absence totale de scolarisation, en France ou à l’étranger.
Pour comprendre les difficultés à acquérir des compétences de base, la Plateforme de lutte contre l’illettrisme livre que 88% de l’offre de formation s’adresse à des niveaux 2 et plus, quand 50% de la population a un niveau 1 et moins. La Plateforme a donc pour but d’accroitre l’offre et la formation aux savoirs de base. Les quatre financeurs de la formation professionnelles à Mayotte que sont l’Etat, le conseil départemental, Pôle emploi et Opcalia, en sont membre.
« J’ai mis dix ans », une syntaxe correcte en shimaoré
La plateforme fait partie de l’Agence nationale de Lutte contre l’illettrisme, représentée par Violaine Pauline L’Empereur, qui supervise la mesure de l’illettrisme et analphabétisme, qui produit des outils pour les acteurs, et qui coordonne toutes les actions entreprises sur le territoire. Par le passé, une association avait fait venir un formateur délivrant une méthode intéressante en matière de lutte contre l’illettrisme, qui aurait pu bénéficier à tous les acteurs.
Il s’agit donc aussi de s’attaquer au déficit de compétence de base, « qui sont nécessaires à l’intégration sociale, à la culture, à l’insertion professionnelle », explique Fatima Assani, Chef de projet à la Plateforme.
Depuis l’année dernière, décision a été prise d’utiliser les acquis, « certains arrivent à écrire des phrases simples, mais en arabe », en prenant garde aux « interférences linguistiques ». Lorsque vous interrogez un natif de l’île, « vous ne pourrez pas venir demain ? », il répond invariablement, « oui », ce qui sous-entend que la phrase est correcte, quand le métropolitain répondra « non ! », illustrait Fatima Assani. « Littéralement en shimaoré, on dit ‘j’ai mis dix ans’, au lieu de ‘j’ai eu dix ans’ ». Un peu comme le passage au « I’m hungry » anglais, littéralement ‘je suis faim’, traduction de « j’ai faim », et qu’il a fallu rabâcher toute notre enfance.
La 6ème édition des Journées nationales d’Action de Lutte contre l’illettrisme se déroule du lundi 9 septembre au 14 septembre, avec cette année 8 actions, contre 6 l’année dernière. Test de dépistage par l’armée lors des Journées de la défense, Ecole des femmes de Doujani, atelier lecture, transcription de contes sur borderie, « pour garder une trace écrite, ou bilan de l’école des parents, seront au rendez-vous. Lire le programme
Anne Perzo-Lafond