L’association “Les Gardiens du Littoral” tente de comprendre la logique du lavage en rivière, pour mieux le réorienter. “De la source au lagon, en passant par les rivières, la tradition culturelle attache une large part aux usages de l’eau “naturelle” : baignade, lessive, hygiène corporelle, pêche, agriculture… La notion de cycle de l’eau est peu maîtrisée et les pollutions terrestres ne sont pas assimilées, pour beaucoup, à une future pollution aquatique. Il est difficile pour des personnes qui ont toujours vécu d’une certaine façon de changer leurs habitudes et leur relation à leurs masses d’eau.
Les études menées depuis une dizaine d’années mettent toutes en évidence l’impact des pratiques de lessive en rivière sur la qualité des eaux et de l’environnement.
Laver le linge dans les rivières, c’est une pratique sociale qu’ont les femmes de se retrouver hors de la maison et de pouvoir discuter en toute liberté. Les femmes y vont ensemble et accompagnées des enfants qui en profitent pour se baigner.
Par nos actions, nous leur expliquons notamment qu’en polluant les rivières, ils détruisent aussi l’activité de pêche, et l’économie de notre île. Les sites de lavage ne sont plus des sites naturels mais des dépotoirs, où l’on retrouve des bouteilles de javel, des sachets de lessive et des vêtements abandonnés,… il est nécessaire de prendre des précautions pour ne pas endommager l’environnement qui nous accueille.
Plutôt que d’interdire le nettoyage du linge en rivière, il nous semble préférable d’interdire l’utilisation de la lessive et de la javel. Car ce sont les conséquences de ces produits qui sont graves. La plupart des lessives sont élaborées à partir du pétrole et contiennent de 15 à 25 molécules actives : tensio-actifs (dont le savon) anti-salissures, enzymes anti-tâches.
Cette habitude sociale génératrice de pollutions diffuses, peut être rapidement améliorée grâce à la phyto-cosmétique et l’utilisation de matières actives d’origine naturelle, issues de ressources renouvelables et biodégradables.
Petit rappel : une substance est dite ” biodégradable ” si elle peut se décomposer, sous l’action de micro-organismes comme les bactéries ou les champignons, en éléments tels que de l’eau et le dioxyde de carbone : des éléments dépourvus d’effets nocifs sur l’environnement.
Les transformations propres à chaque plante, peuvent servir de base à la confection d’une gamme de produits cosmétiques. La sélection des produits à transformer et des essences à produire à des fins de cosmétologie, production d’huiles essentielles, pharmacopée, voire d’épices (Ylang, Vanille, Géranium, coco, ananas, piment, gingembre, …).
Aussi, les cours d’eau, lacs et retenues collinaires de Mayotte recèlent de diverses microalgues, organismes unicellulaires constituant le phytoplancton. Concernant l’inventaire des microalgues de Mayotte, Leboulanger (2008) fait état de 114 taxons différents dans les retenues collinaires de Dzoumogné et de Combani.
Les extraits de microalgues et de macroalgues sont de nature très diverse (ex. antioxydant, hydratant, fraction lipidique) et sont aussi utilisés dans une gamme très large de produits cosmétiques.
L’intérêt de l’utilisation d’algues en formulation cosmétique est leur richesse en lipides, voire en particulier en acides gras polyinsaturés. L’intérêt des procédés de traitement faisant appel aux algues est qu’ils résultent en une production de biomasse qui pourra être valorisable par ailleurs et peuvent être efficacement utilisées dans le traitement et l’épuration des eaux usées, des déchets solides ou semi-solides.
La pollution est un problème complexe, auquel il faut réfléchir de manière globale… tout est affaire de concentration, de dispersion, et de dégradation”, concluent Les gardiens du littoral.
Le rendez-vous est fixé à 7h au Douka Be de Longoni.