Espoir et inquiétudes… Les tendances économiques fortes de l’année 2013 et leur projection sur 2014 sont synthétisées dans la dernière note expresse de l’Institut d’Emission des Départements d’Outre-mer (IEDOM). Tout dépendra de la réussite européenne.
Cela faisait bien longtemps que l’île n’avait pas connu un indicateur d’un bon climat des affaires sur une aussi longue période. Signe encourageant d’investissements à venir. Et de fait, ils ont été bien orientés, mais essentiellement portés par le domaine de l’électricité, EDM (Electricité de Mayotte) ayant investi 130 millions d’euros dans l’économie, destinés, entre autre, à l’extension de sa Centrale de Longoni, et au nouveau siège social.
Sans ces grands projets, l’île ne se développe guère : timide reprise de la consommation des ménages qui soutient les importations de produits alimentaires (+26, 2%) et leur prix, difficultés dans la filière aquacole, dont les exportations de 63 tonnes ont souffert, au 4ème trimestre « de délais administratifs qui ont freiné le lancement d’un projet de développement », les exportations d’ylang-ylang ont totalement cessé en 2013.
Le secteur qui illustre le mieux les déficiences du marché est celui du BTP : si la filière donnait des signes de redressement fin 2012, au cours de l’année suivante les entreprises disent pâtir des délais de paiement « qu’elles ont jugé trop longs, et qui ont dégradé leurs trésoreries et majoré leurs charge ». La plupart des petites et moyennes entreprises se plaignent constamment de cet état de fait, mais leurs dirigeants continuent à troquer leur bulletin de vote contre des garanties d’obtention des marchés. Tout en sachant qu’elles seront mal ou pas payées…
Est venue se greffer la saisie de 6 000 tonnes de ciment, comportant un taux de chrome VI supérieur aux normes européennes, qui a plombé le secteur.
Le brouillard européen
Le seul élément rassurant, parce que non aléatoire, est le maintien des transferts publics, alimentés par l’indexation des salaires des fonctions publiques, qui pourraient se chiffrer à prés de 130 millions d’euros sur les 4 ans à venir et qui vont maintenir à flot la consommation.
Malgré cette perfusion, la tendance générale peut basculer vers le meilleur ou le pire, le verdict européen est à venir tel que le livre la note de l’IEDOM : « l’accession de Mayotte au statut européen de RUP est porteuse d’espoirs pour les agents économiques qui la perçoivent comme une opportunité d’amplifier et d’accélérer le développement économique, social et environnemental de l’île. Cependant, la mise en œuvre des fonds européens engendre également un climat d’incertitudes puisque ses modalités techniques et financières ne sont pas encore définitivement arrêtées. Ainsi, les entreprises ne disposent pas d’une visibilité suffisante sur les projets éligibles, leurs modalités et leurs délais de financement ».
Pour se tenir prêt, les chefs d’entreprise interrogés indiquent maintenir leur niveau d’investissement, mais jusqu’à quand ? L’île ne peut décidemment pas louper le virage européen.
Anne Perzo-Lafond
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