Ils sont quatre à avoir été retenus pour la conception du lycée de Chirongui. Quatre cabinets d’architecte sur la sellette ce mardi au vice-rectorat, à expliquer leur conception de ce métier-art, qui balance entre fonctionnel et esthétique. Devant une salle pleine, essentiellement de directeurs d’établissement, et d’enseignants, les quatre professionnels Dietrich Untertrifaller Architectes, Atelier Philippe Madec, Laboratoire d’Architecture Bioclimatique et Ateliers 234, ont évoqué trois sujets qui entrent en ligne de compte : la ventilation naturelle, la diminution de la chaleur solaire et le choix des matériaux de construction.
Par sa proximité avec le territoire, l’un d’entre eux sortait dès le départ du lot. Le Laboratoire d’architecture bioclimatique de La Réunion a conçu le collège de Bouéni, et se lançait dans des envolées techniques sur la ventilation naturelle et l’utilisation de la surpression provoquée par le vent, qui implique la maximisation de la dépression… Mais il fait aussi dans le simple.
Cela paraît être une lapalissade, mais pour concevoir un bâtiment utilisant la ventilation naturelle, il faut que le lieu s’y prête. Comme nous sommes sur un territoire chaud et humide, il y a beaucoup de chance pour que cela finisse en étuve, à l’image de la MJC de M’gombani lors des soirées chaudes d’été, pourtant pensée en ventilation naturelle. La connaissance du lieu est plus compliquée à Mayotte où n’existe qu’une seule station climatique, à Pamandzi. « Nous installons donc pendant un an une station météo, qui enregistre plusieurs données, la vitesse du vent, l’hygrométrie, etc. », explique l’architecte. Une contrainte non négligeable en terme de délai.
Déploiement d’énergie pour en gagner
L’exposition des pièces à la ventilation naturelle conditionne leur équipement ou non en climatiseur, qui dépend d’autres données comme l’existence du matériel informatique, ou une forte présence humaine, des enfants dans une salle de classe en l’occurrence. Débord de toiture, brise-soleil, apport de végétation… autant de techniques qui agissent sur les degrés, ainsi que le patio central du futur collège de Bouéni, « qui opère comme une cheminée de tirage ». Les brasseurs d’air associés à la clim peuvent faire baisser la température de un degré supplémentaire, « c’est 5% de dépenses énergétiques en moins ».
Ce déploiement d’énergie pour en gagner sur la chaleur, n’a pas forcément l’équivalent dans des régions où il faut parer le froid. Se pose-t-on toutes ces questions sur l’installation de radiateurs en métropole ? « La perception de la chaleur est subjective, et il faut surtout parler de combattre l’humidité ici », répondent les architectes. Les matériaux ancestraux ont été évoqués, mais leur utilisation semble marginale. « Nous sommes dans une logique de marche vers la modernité à Mayotte, alors que le torchis ou les bambous sont de bons matériaux isolants ». On l’a vu avec l’aéroport, dont l’habillage de bois avait été fortement critiqué. Mais à replacer dans le même contexte en métropole dans les années 70, à la fin de la période yéyé, avec une plongée dans le modernisme, parodiée avec bonheur par Jacques Tati dans « Mon oncle ».
Comme en écho, Antoine Petitjean, Atelier Philippe Madec, constatait : « Le vice-rectorat a lancé là un débat public sur un objet architectural, il ne faut pas hésiter à faire évoluer les concepts ».
Gilles Halbout, le vice-recteur continue à se démener pour ne pas prendre de retard dans le calendrier de programmation des établissements, « je serai samedi sur l’emplacement du futur lycée de Longoni, et ce mercredi, un petit détour par le chantier du collège de Bouéni, je m’y rends personnellement régulièrement ! »
Anne Perzo-Lafond
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