CARNET DE JUSTICE. Une matinée allégée par le renvoi d’une grosse affaire au Tribunal correctionnel de Mamoudzou. Quand la justice doit prendre en considération les frustrations…
L’affaire a déjà été renvoyée une fois. Elles étaient six victimes à attendre que celui qu’elles accusent d’agression sexuelle soit jugé.
Les faits remontent à 2008, et depuis, certaines n’ont pas donné de suite. L’association dans laquelle travaillait le prévenu s’est portée partie civile, un de ses représentant a effectué le déplacement jusqu’à Mayotte pour l’audience de ce mercredi.
Mais la veille, à 21h30, son avocate, Me Sevin recevait un mail du conseil de la victime annonçant un changement d’avocat, annonciateur d’une demande de renvoi pour méconnaissance du dossier.
«Afin de garantir les droits de la défense, je ne peux que l’accorder, mais ce sera le dernier renvoi», indiquait la procureur Véronique Compan. Un prévenu peu en effet changer autant qu’il le veut d’avocat, libre au tribunal de donner suite en renvoyant ou pas… Le barreau de Mayotte est composé de 27 avocats en activité…
L’affaire est donc renvoyée au 20 août, alors que le prévenu reste sous contrôle judiciaire.
Les victimes des vols craignent des représailles
Une deuxième affaire était retenue, qui concernait un vol. Dans la nuit du 1er au 2 mars à Passamainty deux jeunes soulèvent la grille de protection d’une habitation, forcent la baie vitrée à l’aide d’une barre de fer. Interpellés à minuit par la police prévenue par des voisins, ils reconnaissent les faits, les deux ordinateurs volés sont dans leur sac à dos.
L’un est un jeune majeur de 19 ans, au casier judiciaire vierge malgré une condamnation à 4 mois de prison pour violence aggravée lorsqu’il était mineur, « une erreur d’état civil probablement » déclarera la procureur, l’autre un « vieux » mineur de 17 ans, « le moins contrôlable des deux » nous dira la victime.
Les parents du plus âgé sont séparés depuis sa naissance, « il n’a jamais été aux rendez-vous de la Mission locale » indique le juge Guillaume Girard. Et malgré un contrôle judiciaire qui le lui interdit, il se rend fréquemment à Passamainty, habite à deux rues des victimes, alors que sa mère vit à Cavani.
Le couple victime du cambriolage a donc retrouvé ses biens dérobés, mais s’il tient à témoigner à la barre, « c’est pour que la justice fasse quelque chose. Le plus âgé ne veut pas s’insérer, il n’a pas saisi la perche qui lui a été tendue à plusieurs reprises ».
Le prévenu est absent de la salle d’audience, comme le fait remarquer la procureur, « c’est dommage », et cela ne jouera pas en sa faveur. Elle demande en conséquence un sérieux avertissement et sera entendue puisque qu’il sera condamné à 6 mois de prison dont 4 avec sursis, avec mise à l’épreuve pendant deux ans d’obligation de travailler ou se former.
Mais le couple est inquiet. Le juge le rassure, « bien sûr il sera recherché pour purger sa peine »… mais l’homme nous avouera ne pas être tranquille à l’idée de savoir les deux jeunes délinquants dans le quartier, « nos enfants jouent souvent dehors, je ne voudrais pas qu’ils aient des problèmes ».
A.P-L.
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