C’est le message le plus fort d’un président de la République qui s’affiche comme « pakatchoyiste de la cause Maoraise » pour Issa Issa Abdou, 4ème vice-président du Département : Emmanuel Macron, « qu’on a présenté ici comme pro comorien depuis son discours du 26 mars 2017 à Labattoir (il était alors candidat) », a harangué la foule à plusieurs reprises d’un « Mayotte est française et le restera à jamais », « Maoré na farantsa paka tcho ! »
Ce qui se traduit dans les faits par les annonces que l’on connaît, la piste longue, le port et le flou qui l’entoure incitant l’élu à ne pas s’éterniser, l’opération Shikandra inspirée, mais non calquée du plan « Harpie » guyanais, qui bénéficie rappelle-t-il de 350 militaires, 200 gendarmes déployés en permanence. » Il appelle donc à « monter en gamme ».
La tribune traduit au long de ses pages, à la fois l’approbation des quatre piliers du discours présidentiel, la Sécurité, la Santé, l’Education et l’Egalité, et ses bémols, avec en filigrane, le poids que lui-même compte peser.
Extension ou nouveau site pour l’hôpital ?
Après la Sécurité, il évoque la Santé et l’annonce du 2ème hôpital. On sait qu’elle a surpris tout le monde, révélant que deux tendances s’affrontent. Celle du chef de l’Etat et de quelques élus à Mayotte, qui souhaiteraient une décentralisation sur un 2ème site, rendue nécessaire par un seul établissement central et 4 périphériques, quand La Réunion possède 9 centres hospitaliers et 15 centres de référence (STATISS), comme le rappelle d’ailleurs Issa Abdou. Et de l’autre côté, les inquiétudes que suscite l’emploi des 172 millions d’euros annoncés par le chef de l’Etat, initialement alloués au projet d’extension et de modernisation de l’hôpital, selon les grandes lignes de COPERMO, le Comité Interministériel de Performance et de la Modernisation de l’offre de soins. On pressent que l’élu penche pour cette deuxième solution en sa qualité de président du conseil de surveillance du CHM, tout en désirant « désengorger Mamoudzou ». On pourrait lui rétorquer, « les deux mon général », en incitant les deux camps à se battre ensemble pour les obtenir.
Sur le chapitre de l’Education, le doute d’Issa Abdou sur la construction des 800 salles de classe, est légitimement accrédité par l’histoire et les promesses passées et non tenues. Ce n’est pas le bientôt recteur Gilles Halbout, aussi génial soit-il, “le meilleur que Mayotte ait jamais eu”, qui allonge le calendrier de constructions scolaires jusqu’en 2025, mais bien le plan de programmation pluriannuel annoncé par le préfet Sorain aux maires.
Une visite présidentielle qui aurait dû être préparée, Inch Allah !
Quant à l’égalité, on parle là de la convergence des droits sociaux, notamment ceux des petites retraites, annoncés par le président Macron à Mamoudzou en fin de matinée. L’élu reprend ces thématiques en y rajoutant à moyen terme, la mise en place des codes de la sécurité sociale et de la santé, qui semble être déjà en cours de réflexion à la Caisse de sécurité sociale de Mayotte.
Rien de très révolutionnaire donc dans l’analyse excepté deux changements. C’est la première fois que la voix du Département se fait entendre pour évaluer la visite présidentielle, et sans pour autant se substituer à celle du président du Département, auquel l’élu ne cache pas de vouloir succéder. C’est noble.
Ensuite, il évoque le « manque de préparation de cette visite présidentielle », qui fait écho à notre critique qui reprochait aux élus d’avoir été reçus à la Case Rocher, symbole de la représentativité de l’Etat. Pour autant, si une attaque voilée est portée à l’encontre du président de l’association des maires, ainsi qu’aux parlementaires, aucun mea culpa Départemental n’est mentionné. Le seul constat devient une antienne : « La succession de nos interventions a démontré ce que chacun sait : les élus de ce territoire ne se parlent pas et sont incapables de se réunir pour préparer des séquences aussi importantes. »
L’élu plus connu pour son sens du consensus que pour alimenter la polémique, tente donc avant tout de rassembler, au-delà de toute (son) appartenance politique.
(Lire la tribune de Issa Abdou Rahachiri pakatcho)
Anne Perzo-Lafond
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