Quand la perche est tendue, il faut la saisir. Mais il en va du saut à la perche comme de l’utilisation de deniers publics : ça ne s’improvise pas. Et quand l’Etat met sur la table un total de 1,6 milliard d’euros (fonds européens inclus) pour le territoire, il vaut mieux maîtriser le sujet pour ne pas voir les billets s’envoler.
“Il faut de l’ingénierie” avait ainsi déclaré le Président Emmanuel Macron lors de sa visite en octobre dernier. La préfecture a fait sa part avec la création d’une plate-forme d’ingénierie “ayant pour objectif d’accompagner les collectivités dans l’identification des projets, leur élaboration mais aussi de les assister dans la conduite et de coordonner les différents acteurs sur l’ensemble du territoire”. C’était une des promesses du plan pour Mayotte.
Mais cette plate-forme “ne sera pas magique” prévient Mylène Joseph-Filin, directrice du centre national de la fonction publique territoriale de Mayotte, qui a pour mission la formation des agents territoriaux. La structure installée à Doujani a reçu pendant deux jours une vingtaine de cadres des collectivités locales de Mayotte dans un séminaire afin de les former à l’utilisation des fonds du plan de convergence.
“Il s’agit d’accompagner la mise en œuvre du contrat de convergence, cela répond au besoin lié au manque d’ingénierie à Mayotte. L’idée c’est de proposer un itinéraire de formation personnalisé pour monter en compétence” explique André Lechiguero, conseiller formation au CNFPT. “Par ricochet, cela permettra aux collectivités de consommer le plus et le mieux les crédits du contrat de convergence”.
Le séminaire n’est pas une formation en soi, mais marque le lancement d’une année de cours dédiés à l’utilisation de ces fonds, afin que Mayotte n’en perde pas une miette. Sur la forme, les cadres et agents des collectivités locales bénéficieront jusqu’en avril 2021 de 5 jours de formation par mois, soit “un semestre de master” compare le formateur. Entretemps, les stagiaires échangeront sur une plate-forme numérique de formation leur permettant d’échanger sur leurs travaux respectifs, voire de “créer de la synergie”. Travailler ensemble pour aller plus loin, en somme.
Ainsi la médiathèque de Koungou, le schéma touristique de la communauté de communes du Sud ou encore le développement numérique de Petite Terre sont autant de projets qui ont été abordés par les stagiaires, et qui serviront de base de travail.
“Cela me désole d’entendre qu’on manque d’ingénierie à Mayotte quand on sait ce qui est proposé aux Mahorais en termes de formations” commentait la directrice du CNFPT avant de laisser les stagiaires à leurs travaux.
Avec un tel outil en poche, les collectivités auront toutes les cartes en main pour donner les meilleurs suites possibles aux crédits débloqués jusqu’à la fin du quinquennat.
Y.D.