Première mahoraise à avoir été reçue, et du premier coup, à l’exigeante Ecole Nationale supérieure de la Sécurité Sociale (EN3S), nous avions rencontrée Ymane Alihamidi Chanfi en 2008 avant qu’elle ne l’intègre, c’était déjà une visionnaire, « nous allons être département (en 2011, ndlr), mais avons-nous été bien préparés ? », interrogeait-elle.
Elle a grandi au gré des affectations de son père, issu de l’Ecole militaire de Baden Baden. Le retour à Mayotte à bord d’un Transal de l’armée, l’amène véritablement à découvrir son « baobab généalogique », puisque outre la filialisation avec son illustre grand-mère, elle voit le cercle de la famille s’agrandir, « on nous présentait des tantines, des cousines, des beaux-frères… Et à prendre un coup de chaud, comme ce samedi matin à l’hôtel le Rocher, démuni de brasseur d’air, « peut-on dire à quelqu’un d’arrêter le chauffage ? », s’amusait la jeune femme. Elle s’enracine donc à Mayotte, « car sans racines fortes, les branches de l’arbre ne peuvent pas pousser ».
Sa scolarité passe forcément par l’unique lycée de Mayotte alors, pour décrocher un bac avec mention. Une famille de trois enfants, dont sa sœur Anaïs au pôle Europe du CD, et un père très présent : « Merci papa de m’avoir répété que chaque être humain doit être utile à son environnement », adressait-elle très émue à destination de ses parents, Ahmed et Zoubedat Ali Hamidi.
« Je ne me sens prisonnière de rien »
Elle prononçait un discours brillant, mêlant anecdotes, grande émotion et reconnaissance pour un entourage dont elle a su tirer le meilleur. Son inscription à l’EN3S, c’est son directeur d’alors, Fernand Fortuné, présent ce samedi, qui l’y aura incitée, « il faut y croire, vous pouvez le faire ! »
Diplôme en poche, elle prend la direction d’un service à la CAF de La Réunion, puis revient à Mayotte, où Jean Véron la recrute comme directrice adjoint. Lorsqu’il quitte l’île, la jeune femme n’a pas encore l’ancienneté requise, « nous avons donc eu recours à l’astuce de l’interim en attendant », expliquait Nicolas Revel.
Qui égrainait les crises sociales, interne à la maison ou non, « les crises sismiques, électriques, océaniques, climatiques… IL peut toujours se passer quelque chose ici ! » Une direction « compliquée », « comme dans tous les outre-mer, mais augmenté à Mayotte qui cumule tous les régimes sociaux. Mais vous le répétez, vous ne vous sentez prisonnière de rien, et je peux vous dire que même quand vous nous remontez des doléances à Paris, votre énergie chaleureuse est communicative ! »
Ymane Alihamidi Chanfi incarne de la plus belle manière son crédo, « la femme mahoraise doit s’en sortir par le haut ».
Anne Perzo-Lafond