« Si ça continue, je vais pouvoir écrire le guide Michelin des Ecoles ouvertes du territoire ! », s’amusait le recteur Gilles Halbout, accueilli par Victor Bakam, principal du collège Boueni M’titi de Labattoir. Ce vendredi, c’était la cérémonie de clôture d’une semaine où l’école a été plébiscitée. De Chiconi à Kani Keli en passant par Koungou, les établissements proposent une foule d’activités aux jeunes de CM2 et de collège, histoire de les occuper et de les éveiller. Des CM2 qui peuvent ainsi s’essayer aux lieux qui vont les abriter ensuite pendant 4 ans. Ils participent pour moitié à l’effectif des jeunes touchés.
« Il y avait 500 inscrits, mais nous avons finalement accueilli 600 élèves, 300 collégiens de Boueni M’titi et donc 300 CM2 des écoles de la commune », nous confiait Victor Bakam qui a anticipé pour distribuer des collations en nombre suffisant. » Ce sont 1.748 élèves qui sont scolarisés dans l’établissement en temps normal, « les 3ème qui travaillent au projet ‘Chemin d’Europe’ ont aussi participé à l’Ecole ouverte. »
Le dispositif existe depuis 1991 en France et depuis plusieurs années à Mayotte, « cela permet aux jeunes de passer de bonnes vacances et de lutter contre l’oisiveté, une action que la préfecture est venue compléter dernièrement », commentait Gilles Halbout devant une assemblée de jeunes et de parents qu’il avait gratifiée d’un « Likoli yi rijilia, maesha ya rengelea », qu’on pourrait traduire par « l’école nous est donnée, et la vie revient »
« Je ne leur ai pas donné le choix »
« Cette semaine j’ai appris le chakacha et j’ai fait du théâtre », « et moi j’ai fait de l’anglais et de la capoeira ! »… les CM2 nous asseyent de témoignages évoquant les activités scolaires, sportives, culturelles, de découverte et de loisirs proposées.
Une semaine préparée en amont par le principal qui a convié les parents à une réunion préalable, « pour des raisons de sécurité, j’ai demandé que les parents amènent eux-mêmes les enfants à 7h et viennent les chercher à midi. Et ils ont tenu paroles, il n’y a eu aucun incident. »
Riffay est de ceux-là. Papa de jumelles en CM2, il a joué les accompagnateurs, « je ne leur ai pas donné le choix, c’est mon rôle de parent, je le perçois comme une obligation morale. Après la rando au lac Dziani le premier jour, elles étaient contentes de revenir. »
L’encadrement était assuré par des enseignants volontaires, rémunérés pour ce temps extra scolaire, et par des associations de quartier, dont la dynamique « mwana wa Labattoir » (rebaptisée ‘Fleurs des îles’).
Des emplois en 3D
Après une Marseillaise chantée avec grande conviction, les élèves ont donné un spectacle rassemblant les actions de la semaine, et l’Ecole des parents récompensait les assidus par une attestation de présence dans l’établissement scolaire où ils ont reçu 20 heures de formation.
La même opération se déroulait quelques kilomètres plus loin en Grande Terre, au collège de Majicavo Lamir où les jeunes évoluaient en réalité virtuelle. Casques sur les yeux, ils sont guidés par un enseignant. Valere Redoutey, Gestionnaire du collège, nous explique la logique : « Le rectorat vient de se doter de 16 casques qui permettent aux élèves de visiter des musées en 3D, ou des villes, et de se repérer dans l’espace. Une nouvelle commande est en cours qui permettra à toute une classe de visionner un film en 3D, puis, dans un second temps, de se projeter dans des entreprises présentes à Mayotte afin d’affiner leur recherche d’emploi. » Les petits films seront tournés en caméra 3D par le collège. Une action menée avec les classes de SEGPA, les Sections d’enseignement général et professionnel adapté.
Pendant ce temps, d’autres élèves buchent sur des révisions de programme, notamment les 3ème dans la cadre de l’action « Réussite au brevet ». La réussite et l’épanouissement sont bien deux des objectifs poursuivis par l’opération Ecole ouverte.
Anne Perzo-Lafond
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