Le premier que nous faisons réagir à l’annonce des Brigades de Vigilance Citoyenne dont on ne connaît pas encore la couleur mais qui vont de nouveau faire leur apparition dans les quartiers, c’est le monsieur social du Département. Issa Issa Abdou, 4ème vice-président. Il livre un avis mitigé : « C’est une bonne initiative, il était temps ! Conseil départemental et Etat main dans la main, avec les maires. Ces derniers sont absents pour des raisons de campagne, mais doivent être plus au centre du dispositif. Comme me l’a fait remarquer dernièrement le capitaine Chamassi, la prévention, c’est l’affaire des collectivités, puisque le maire préside le Conseil de Sécurité et de Prévention de la Délinquance. D’autre part, les parents, ou les oncles référents, sont un peu oubliés. Or, il faut pouvoir les auditionner dans le cadre du CLSPD et les accompagner sur la durée comme me l’a encore suggéré le capitaine. Enfin, les cadis doivent être vus comme des auxiliaires de justice. Je ferai partie du Comité de suivi pour combler ces volets. » Il appelait à étendre le dispositif hors de l’axe Bandraboua-Dembéni, et Ongoujou.
L’élu appuie l’intervention d’Issihaka Abdillah, quelques minutes plus tôt, quand l’ex-conseiller général de Bandraboua appelait à se doter d’une « typologie des jeunes délinquants pour mieux les cerner. Entre les jeunes en situation régulière et ceux qui ne le sont pas, les mesures à prendre ne seront pas les mêmes. Les Assises de la Jeunesse annoncées pour juin doivent être l’occasion de s’y pencher, mais aura-t-on les chiffres d’ici là ? », s’inquiétait-il. Des données qui sont un préalable à la réussite du projet d’Assises, et dont la réponse pourrait peut-être venir de l’Observatoire de la violence mis en place par le recteur Gilles Halbout.
« Ne pas faire ‘comme à la française’ ! »
D’autres réaction sont plus radicales, à l’image de celle du Collectif des Citoyens, « ceux qu’on appelle ‘jeunes’ sont des bandits, fument des drogues, sèment la terreur partout. C’est le résultat des bourrages de classe qu’on fait depuis l’enfance. Après, ils s’excluent du système scolaire », tempête Safina Soula. Pour le Collectif, une seule solution, « il faut stopper l’hémorragie », l’arrivée des kwassas sur les plages. Pour les jeunes délinquants déjà sur le territoire, elle propose des Travaux d’intérêt général et des « travaux forcés », « mais sans être payés ! Et soit on met en place une coopération judiciaire avec les Comores pour qu’ils soient jugés là-bas, soit on donne aux étrangers un titre pour quitter Mayotte. »
Elu de Sada, Nomane Ousseni évoque la débauche de moyens par la France, « on entend parler de triplement pour la lutte contre la délinquance, mais pendant ce temps, celle-ci a évolué. De notre temps, on volait un euro ou on faisait l’école Buissonnière, maintenant, ce sont des jeunes sans éducation qui arrivent sur nos côtes. Il faut rendre les frontières étanches. » Avant, il avait appelé à ne pas faire « comme à la française », « on évite de dire les choses ». Une position qui appelle en effet des réponses et des explications qui ne sont pas venues, un vide que comble des propos parfois délirants et qu’il faut endiguer.
En réponse, le préfet Colombet reconnaissait qu’il manquait des dispositifs lorsqu’il était interpellé sur l’absence de Maison d’Education fermées, et lorsqu’était évoqué le problème des jeunes relâchés par la justice, c’est le sénateur Thani Mohamed Soilihi qui a rappelé que la législation pénale pour les mineurs s’applique sur tout le territoire français, « ce n’est pas possible autrement ». Une ordonnance sur les mineurs qui date de 1945, « du général de Gaulle », donc à réactualiser. Elle avait été jugée « obsolète » par la ministre de la Justice Nicole Belloubet, qui proposait une réforme, « elle entrera en vigueur en octobre 2020 ».
Prochaines réponses, dans la rue, avec les nouvelles Brigades.
Anne Perzo-Lafond
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